Ces mots cachent beaucoup de maux, c’est d’ailleurs l’un des sujets principaux de mon 4ème livre qui sortira début février aux éditions La Croisée des Chemins : «Mots pour maux». Sans prétention, ces mots sont ceux avec «culture», «jeunesse» et «identité» qui résument actuellement le mieux les maux qui traversent non seulement notre société mais aussi la société française, américaine, belge… et tant et tant d’ autres pays.
C’est, qu’en fait, ils sont le thermomètre qui indique le degré de température d’une société et le moins que l’on puisse dire c’est qu’à l’heure actuelle nous sommes tous fiévreux. Il suffit pour s’en rendre compte d’étudier les thèmes qui ont enflammé la campagne électorale française ou encore les récents propos de Donald Trump aux Etats-Unis.
Quant à nous que dire des propos de la finistre de la famille Hakkaoui qui vilipende le rapport du CNDH au prétexte qu’il ne respecterait pas «l’identité marocaine»… Mais de quelle identité parle-t-elle ? Tout au contraire notre identité plurielle a besoin de se pencher sur ce qui fait débat, sur notre cheminement sur la voie de l’Etat de droit et non pas d’imposer une vision unique… On le voit, racisme, rejet, haine ont le vent en poupe et les seuls remèdes possibles sont ceux du vivre-ensemble, de la culture qui élève l’âme et qui rassemble et de la jeunesse qui est censée être plus ouverte et «disponible» que ses aînés à ce qui est «autre».
Mais dire cela est bien loin d’être suffisant, encore faut-il le mettre en pratique. Or à quoi assiste-t-on ? Le vivre-ensemble est partout mis à mal et remplacé par un repli frileux – et sectaire – sur une identité de plus en plus étriquée et fermée.
La culture est partout à travers le monde le «parent pauvre» des programmes politiques mais aussi le domaine qui bénéficie des budgets les plus misérables à tous les niveaux : national, régional, communal… quel que soit le pays ! Quant à la jeunesse, élevée aux images haineuses des télévisions satellitaires, addicte aux réseaux sociaux où c’est souvent le pire qui domine, elle est à la recherche de repères, de valeurs que personne ne lui transmet plus, et surtout en attente de leaders capables de la comprendre, de l’écouter, de lui proposer des solutions.
Partout les politiques sont devenus incapables de parler au peuple, de le comprendre, hormis les extrêmes, qui en utilisant le populisme font illusion mais qui, hélas, ne réussissent qu’en flattant les plus bas instincts ! Le rejet de tout ce qui diffère, la haine de tout ce qui n’est pas «eux», le protectionnisme identitaire, et la culture du nivellement par le bas pour tout programme culturel.
Les résultats sont là – et malheureusement ils ne sont guère réjouissants : en France le FN fait des scores outrageants, en Europe les actes islamophobes répondent aux attentats odieux, aux USA le candidat le plus raciste a les faveurs des sondages, chez nous une jupe devient objet de lynchage, un rapport du CNDH répondant à sa mission devient ennemi de «notre identité»… on le voit, il est plus que temps que la politique retrouve sa noblesse, qui est de tirer les citoyens vers le haut !