Chroniques

Tebboune et les Arabes, un rejet permanent !

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

Pour tenter de se dédouaner de cette animosité clairement assumée à l’égard des Arabes, le régime algérien tente d’investir politiquement et médiatiquement dans la cause palestinienne. Même si depuis le début de cette guerre entre Israël et Gaza, Alger n’a pris aucune décision bénéfique pour les Palestiniens.

Il y a un constat politique à faire. Le régime algérien n’entretient pas de mauvaises relations qu’avec le Maroc. Ses relations avec la grande majorité des autres pays arabes sont tout aussi exécrables. La raison: des divergences cruciales sur fond de tensions et de ruptures, à tel point qu’une des caractéristiques de la diplomatie algérienne est d’entretenir une ligne de haute tension avec la plupart des capitales arabes.
D’ailleurs combien de capitales arabes le président Tebboune peut-il se targuer de visiter à son aise ? Deux ou trois au maximum. Tunis, Mascate et Nouakchott. Avec le Sultanat d’Oman qu’il a déjà visité et dont il a reçu récemment le Sultan Haitham Ben Tariq, les relations ne sont plus sur la lune de miel voulue par le régime algérien. Récemment Oman a apporté son soutien à la souveraineté du Maroc sur son Sahara au grand désespoir du régime algérien.

Avec la Mauritanie, les relations avec Alger ne sont ni garanties ni apaisées. Le régime algérien voudrait profiter de la reconnaissance de Nouakchott du Polisario, et dont le retrait serait une question de temps, pour tenter de l’embrigader dans sa stratégie et lui imposer un agenda hostile au Maroc. Alger avait échoué à convaincre la Mauritanie de se joindre à la Tunisie et à la partie libyenne dirigée par le démissionnaire Abdelhamid Dbaiba pour former un mini-Maghreb sans le Maroc, le but ultime étant de verrouiller l’isolement régional du Maroc.

Cette stratégie avait échoué, accentuant davantage la solitude algérienne. Et cet échec est venu s’ajouter à une série de crises politiques avec d’autres pays arabes comme les Emirats arabes-unis et L’Arabie Saoudite. Avec les Emirats, le régime algérien avait opté pour le pugilat permanent. Les médias officiels algériens ne cessent de lancer de violentes attaques contre les autorités d’Abou Dhabi, les accusant de tous les maux, y compris celui d’apporter un soutien politique et économique au Maroc et celui d’établir des relations privilégiées avec les nouvelles équipes au pouvoir dans les pays du Sahel qui ont formulé de manière ostentatoire leur divorce avec le régime algérien.

Avec la Libye, les relations sont en dents de scie. Le Maréchal Khalifa Haftar, le dirigeant de facto de l’Est libyen et sans doute bientôt de toute la Libye, entretient des relations de défiance avec le régime algérien, si aiguë que l’hypothèse d’une confrontation militaire entre les deux pays n’est pas à exclure. Récemment, Khalifa Haftar avait été invité par Vladimir Poutine pour assister au 80ème anniversaire de la victoire sur les Nazis alors que le régime algérien a été ignoré par Moscou.
Alger a depuis longtemps choisi de s’isoler du monde arabe et de naviguer contre ses intérêts stratégiques. Son choix de s’allier avec le régime iranien qui a toujours constitué une menace existentielle pour la région a aggravé les mésententes avec les pays arabes. Récemment le régime de Abdelmajid Tebboune a poussé son zèle pro-iranien jusqu’à servir de rampe de lancement à l’influence iranienne en Afrique du Nord et de l’Ouest.
Pour tenter de se dédouaner de cette animosité clairement assumée à l’égard des Arabes, le régime algérien tente d’investir politiquement et médiatiquement dans la cause palestinienne. Même si depuis le début de cette guerre entre Israël et Gaza, Alger n’a pris aucune décision bénéfique pour les Palestiniens, pire le régime algérien s’arrange pour interdire aux Algériens le droit de manifester leur soutien aux palestiniens, faisant de l’Algérie un des rares pays arabes à interdire à leurs citoyens le droit de descendre dans la rue pour crier leur solidarité avec les Palestiniens.

Le rapport avec le monde arabe crée des tensions permanentes au sein du régime algérien. Certaines factions politiques demandent ouvertement le départ de la Ligue arabe, cette structure politique régionale censée incarner l’unité et la solidarité arabes. Mais ces menaces restent pour le moment au stade verbal. Une situation qui ne parvient pas à cacher une réalité diplomatique propre à l’Algérie. Les dirigeants qui visent Alger se comptent actuellement sur les doigts de la moitié d’une main et les capitales arabes que le président Abdelmajid Tebboune peut visiter dans négociations et complications se liment pour le moment à Tunis. Le seul dirigeant arabe qui supporte le délire algérien est le président tunisien Kais Saïed. C’est dire l’immensité de la solitude algérienne.

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