Les médias officiels algériens se sont enfermés dans une stratégie d’expliquer et de justifier ces exagérations et ces mensonges, renforçant cette impression que le pays s’enfonce massivement dans le déni collectif.
Un des comportements majeurs que l’ère du président Abdelmajid Tebboune a introduit dans la vie politique algérienne est la consécration du mensonge comme de vie politique et de gestion gouvernementale. Tebboune, avec son style populiste et démagogique, est passé directement de l’exagération des réalités à leurs simples inventions. Tout le monde se souvient des chiffres astronomiques que Tebboune balance sur les capacités de l’économie algérienne qui ont certes fait le bonheur sarcastique des réseaux sociaux, mais qui n’ont donné lieu à aucune rectification ultérieure.
Bien au contraire, les médias officiels algériens se sont enfermés dans une stratégie d’expliquer et de justifier ces exagérations et ces mensonges, renforçant cette impression que le pays s’enfonce massivement dans le déni collectif. Le délire passe du stade d’un président, désigné à son poste par la hiérarchie militaire, à une croyance qui se veut collective et généralisée.
Non content de lustrer l’image économique d’un pays qui souffre de tous les handicaps et les manques comme le montre « la culture de la queue» devenue une pratique courante et quotidienne pour obtenir les denrées de première nécessité, le président Tebboune est passé maître dans l’art d’enfermer le pays entier dans des réalités virtuelles.
L’exemple le plus récent et le plus spectaculaire est sa déclaration sans ambages selon laquelle sous pression économique algérienne, l’Espagne aurait changé sa position de soutien à la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Depuis qu’il a balancé avec certitude ce mensonge, les réseaux sociaux bruissent d’interrogations sur la réalité des faits. A aucun moment l’Espagne n’avait fait marche arrière sur sa position sur le Sahara. Bien au contraire, son ministre des affaires étrangères José Manuel Albarès a non seulement confirmé la position de son pays sur la marocanité du Sahara mais tancé le régime algérien sur son entêtement à continuer à investir à perte et indéfiniment sur l’aventure séparatiste du Polisario.
Et pourtant le président Tebboune parlait aux Algériens sur ce sujet avec une telle certitude et une telle assurance que les commentateurs étaient partagés entre deux options. Ou Tebboune ment délibérément à son opinion, ce qui veut dire qu’il aurait érigé le mensonge et l’affabulation comme une stratégie de gouvernement. Ou ses conseillers l’ont abreuvé de fausses informations sur le sujet qui l’ont poussé à nourrir cette conviction sur une éventuelle marche arrière espagnole. Dans les deux cas, Tebboune est pris les pieds dans le plat d’une flagrante distorsion de la réalité qui va participer à tuer toute sa crédibilité ou du moins à donner de lui une image d’affabulateur patenté ou de personnage facilement manipulable et influençable.
Le pouvoir algérien s’est tellement enfermé dans son propre monde, avec ses propres réalités virtuelles, que non seulement il refuse de voir les performances diplomatiques marocaines qui ont convaincu le monde entier de la viabilité de l’option de l’autonomie, mais croit dur comme fer que sa diplomatie, pourtant brouillonne et illisible avec de nombreuses crises diplomatiques à l’appui, serait d’une grande efficacité.
Le régime d’Alger refuse de voir la réalité de ses relations avec son environnement. Une rupture chronique avec le Maroc, une crise avec le Sahel, une tension au bord de la crise de nerfs avec la France, une méfiance structurelle avec les pays européens, une relation exécrable avec les pays arabes. Et pourtant Tebboune tente de vendre à son opinion une autre réalité, celle d’un pays normal avec des relations normales avec son environnement régional et international. Comme si toutes ces crises et ces tensions n’ont aucune existence pour lui.
Tebboune et son régime se sont inventé une réalité artificielle dans laquelle ils préfèrent vivre plutôt que d’affronter la dure vérité de son échec économique et diplomatique. Et ce pouvoir est tellement dans le désespoir qu’il a exploité un Hashtag «3ami Tebboune ne pars pas en Irak» pour se donner une légitimité manquante. Pour les propagandistes de ce régime, ce Hashtag est un cri du cœur de la population algérienne à destination de son président qui prouverait à quel point la population algérienne est attachée à son président. En arriver à exploiter un Hashtag pour parvenir à de telles conclusions en dit long sur le degré d’autisme politique dans lequel barbote un régime qui a perdu toutes ses boussoles.