Schizophrénie
Tebboune a étonné son audience en affirmant que les enjeux diplomatiques de l’Algérie ont bien avancé dans le sens de l’amélioration depuis la nomination du ministre Ahmed Attaf.
Il y a une phrase qui fait fortune dans les milieux critiques du régime algérien. Le président Abdelmajid Tebboune est en train de vivre dans un monde parallèle, qui n’est pas celui du commun des mortels, totalement déconnecté de la réalité. Sa dernière sortie médiatique a spectaculairement illustré cet état de fait, donnant cette lourde impression d’une dangereuse schizophrénie.
À titre d’illustration, lors de sa dernière sortie médiatique, Abdelmajid Tebboune a totalement ignoré les faits saillants qui ont fabriqué l’actualité algérienne. Aucun mot des victimes de Oued El Harrach, du nom de ce bus vieux d’une trentaine d’année, d’une vétusté légendaire, qui faute de pièces de rechange, s’est écrasé avec ses passagers dans une rivière de détritus. L’affaire avait ému les Algériens jusqu’à provoquer le limogeage du Premier ministre Nadir El Arbaoui et son remplacement par Sifi Ghrieb. Tebboune s’est fait remarquer à ce moment par son silence et son absence.
Aucun mot non plus sur cette pittoresque fuite d’adolescents algériens vers l’Espagne à travers un scénario qui défie toutes les imaginations. Des adolescents, à peine sortis de l’enfance, se procurent un petit bateau, tentent la dangereuse traversée de la Méditerranée vers l’Espagne, célèbrent leurs exploits dans les réseaux sociaux et montrent le visage d’une Algérie devenue un enfer où même les enfants sont prêts à mourir pour la quitter.
Silence total sur une plainte inédite déposée par le voisin malien auprès de la Cour internationale de justice pour avoir abattu sur le territoire malien un drone qui participait à la lutte contre les organisations terroristes qui pullulent dans la région. Les autorités de Bamako accusent ouvertement le régime algérien de soutenir les organisations terroristes. Le représentant malien a profité de la dernière Assemblée des Nations Unies pour amplifier cette accusation et crucifier le régime d’Alger, dorénavant figurant dans la liste des pays parrains du terrorisme.
Le président Tebboune n’a pas eu un seul mot, ni même une allusion à la fuite tout aussi rocambolesque d’Abdelkader Haddad, alias Nacer El-Djinn, ancien patron du renseignement intérieur. L’homme, une importante pièce dans le complexe militaro-politique, a choisi de fuir comme un vulgaire candidat à l’immigration clandestine, trahissant la déliquescence du régime algérien en train de vivre une terrible guerre de clans.
Par contre Abdelmajid Tebboune a étonné son audience en affirmant que les enjeux diplomatiques de l’Algérie ont bien avancé dans le sens de l’amélioration depuis la nomination du ministre Ahmed Attaf. La question qui a sauté immédiatement à l’esprit est la suivante : de quelles améliorations parle le président Tebboune quand on sait que la question du Polisario, centrale dans les préoccupations diplomatiques algériennes, a connu ses pires revirements face aux performances marocaines. Les multiples reconnaissances de la souveraineté du Maroc sur son Sahara se sont accélérées à un rythme qui permet d’envisager de clôturer cette discorde régionale lors de la session des Nations Unies d’octobre.
En tout cas, il y a un fait inédit dans la démarche de Tebboune cette fois-ci. C’est la première fois que le président algérien n’a pas dit un mot du Maroc, se contentant d’envoyer des clins d’œil et des accusations implicites. C’est aussi la première fois où il ne cite ni le Polisario ni «le Sahara Occidental». Jadis cette citation et ce rappel de l’attachement de l’Algérie à «l’indépendance» du Sahara étaient des rubriques obligatoires dans le discours politique et médiatique du président Tebboune.
Le fait que Tebboune se soit abstenu de les citer peut être un indicateur majeur des effets que produit la pression internationale sur le régime algérien. L’administration américaine, porte-plume onusien sur l’affaire du Sahara, tente par tous les moyens de convaincre Alger de jeter l’éponge et de se ranger auprès de la solution préconisée par les Nations Anies, à savoir que la seule et unique solution à l’affaire du Sahara, passée fatalement par l’option de l’autonomie sous souveraineté marocaine.
Le régime algérien n’a d’autre choix que d’accepter cette nouvelle donne ou se mettre à dos la communauté internationale qui le percevra indéniablement comme un pays qui s’oppose à la paix régionale et agit comme un facteur de tension, d’instabilité, voire de chaos. Sans doute le président Tebboune avait tous ces éléments en tête. Ce qui l’a empêché de se jeter dans sa diatribe habituelle contre le Maroc et en soutien à l’aventure séparatiste du Polisario.














