Chroniques

Tebboune, sur un bateau ivre !

Mustapha Tossa Journaliste éditorialiste

Sa diplomatie manque de cohérence, sa stratégie manque de rationalité. Ses attitudes manquent de sang-froid. Tout est coup de menton, ruptures, agressivité. Dans le nouveau contexte des relations internationales, cette posture aura du mal à être tolérée.

L’Algérie d’aujourd’hui ressemble à un bateau ivre, dérivant au gré des vents et des humeurs au large des récifs, conduit par une équipe complètement disjonctée, pensant être à la tête d’une puissance régionale rêvée, faisant de l’affrontement et de la rupture sa ligne de conduite quotidienne. A la tête de ce bateau, Abdelmajid Tebboune, un homme qui donne l’impression de vivre dans un monde parallèle. Pour justifier ces échecs et ses impasses, le président algérien n’hésite pas à clamer que l’Algérie est un pays jalousé, qu’il est victime d’appétits dominateurs de ses voisins, que sa richesse énergétique réelle et sa puissance politique illusoire sont l’objet de complots, d’envies. Cette stratégie de défense est destinée à camoufler les énormes échecs de gestion économique qui font que ce pays, effectivement riche, manque de tout, au point d’installer la culture du manque structurel des produits de première nécessité, comme le lait et l’huile, dans la société algérienne.
Une autre manière de cacher ces échecs est d’entreprendre une politique d’agressivité permanente à l’égard de son voisinage. Cette séquence, déjà présente dans l’ADN du pouvoir algérien, a connu un essor qui a coïncidé avec deux événements importants. Un, l’arrivée d’un homme comme Abdelmajid Tebboune au pouvoir à Alger. Deux, les succès diplomatiques de Rabat au sujet du Sahara marocain. La convergence de ces deux facteurs ont fait perdre la raison aux autorités algériennes au point de leur faire commettre des erreurs diplomatiques d’une grande gravité.
Autour de la problématique du Sahara marocain, Alger est entré en crise ouverte avec l’Espagne, attaque violemment un pays comme les Émirats arabes unis, provoque une crise diplomatique sans précédent avec la France, se met à dos et les pays du Sahel et la Libye du Khalifa Haftar, le dirigeant libyen qui a eu les honneurs d’une invitation russe très remarquée à l’occasion des festivités de la victoire sur le régime nazi.
Avec Paris, la relation de Tebboune a atteint des abîmes inédits.
La presse française, se basant sur des rapports de services, accuse le président algérien d’être directement impliqué dans des barbouzeries en France visant à enlever des opposants au régime algérien.
Cette accusation frontale n’est pas de nature à améliorer les relations entre Français et Algériens. Cette relation au cœur d’un gigantesque bras de fer entre les deux pays ne cesse de s’enfoncer dans une crise sans précédent qu’incarnent aujourd’hui des expulsions réciproques de diplomates français et algériens.
La crise entre les deux pays semble si profonde qu’il est difficile d’imaginer la porte de sortie. Plus le temps passe, plus les verrous se multiplient au point que certains n’hésitent pas à évoquer la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays comme évolution naturelle et logique de cette tension grandissante.
Un bateau ivre ? L’Algérie du président Abdelmajid Tebboune l’est assurément. Sa diplomatie manque de cohérence, sa stratégie manque de rationalité. Ses attitudes manquent de sang-froid. Tout est coup de menton, ruptures, agressivité. Dans le nouveau contexte des relations internationales, cette posture aura du mal à être tolérée. Surtout si le prolongement de la démarche algérienne aboutit à s’acoquiner avec des milices armées et des organisations terroristes au Sahel et près du Sahara marocain.
L’Algérie du président Tebboune aura tort de s’accrocher à des illusions de grandeur et de puissance et de continuer la politique de déni qui va avec. Déjà en porte-à-faux avec son voisinage direct, en crise de confiance profonde avec les Européens, Alger vient de perdre son dernier supposé allié stratégique qu’était la Russie. Dans une démarche internationalement remarquée, Vladimir Poutine a omis d’inviter un représentant du régime algérien à ses festivités. Pire, ces adversaires déclarés d’Alger comme Khalifa Haftar et des dirigeants des pays du Sahel ont été de manière ostentatoire mis à l’honneur.
Le choix russe a fini par enfoncer le dernier clou dans la cercueil algérien.
Les autorités algériennes qui fanfaronnaient sur leurs amitiés stratégiques avec la Russie viennent de se rendre compte à quel point elles pesaient peu dans la nouvelle vision russe. Logiquement cette nouvelle donne devrait pousser le régime algérien à abandonner son monde parallèle et rejoindre le monde réel avec ses nouvelles équations et ses nouveaux rapports de force. Mais pour cela il faut que ce régime se réveille de son ivresse de gloire fantasmée.

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