Chroniques

Tous la tête sous l’eau… Respirons un coup, j’étouffe !

© D.R

Il est temps, puisque l’on parle de lui, le temps de respirer profondément, après avoir sorti la tête de sous l’eau bien sûr, car nous ne sommes point des poissons mais des humains, et que les humains ça ne respire pas sous l’eau.

Comment ça va ? Tu viens prendre un café ? Samedi prochain tu m’accompagnes à l’expo…

Et là, déferlement de réponses telles que : J’ai la tête sous l’eau, je suis sous l’eau, pas le temps de respirer, à la bourre, «overbooké», ultra chargé, «ultra busy», pas une seconde pour souffler… carrément noyé dans le quotidien… submergé par des priorités (plus importantes et urgentes que les vôtres),…

À toi qui as la tête sous l’eau, moi je t’avoue que l’apnée c’est pas trop ma tasse de thé, et de plus le thé je n’aime que celui qui m’apaise et me permet de respirer par le nez et par la bouche, donc les pros du syndrome de la femme et de l’homme pressé et toujours occupé comme toi… passez votre chemin et laissez-moi terminer ma précieuse boisson et apprécier ce moment de répit car sachez que je suis également prise par mes responsabilités, mes occupations et préoccupations, je n’en ai juste pas l’air peut-être ou pas le même air que vous, et que celui que vous vous acharnez à vouloir paraître… De ce fait, deux options se présentent, on respire tous un bon coup, ou vous les faux poissons continuez votre pseudo apnée et moi je me concentre sur ma respiration car c’est plus important que tous vos rendez-vous aussi importants soient-ils. Cette expression acharnée qui tente d’exprimer l’état de non-disponibilité, comme pour dire, j’ai mes priorités et tu n’en faits pas partie, ou sous-entend j’ai à faire pas toi, ou pire, j’ai pas que ça à faire… ou toi qu’à faire.

Une sorte de complainte de vivre, et d’avoir des choses à vivre. Etrange n’est-ce pas !
Est-ce un drame d’être occupé ?! Pourtant, on m’a toujours dit que c’était plutôt l’opposé qui l’est.

N’est-il pas magnifique d’avoir des objectifs, des projets, des raisons de se lever le matin, de la production en vue ?!

C’est bien le fruit, de nos choix, nos décisions, les chemins que nous avons entamés, les routes dans lesquelles nous sommes engagées, les options que nous avons sélectionnées… Tous ces clics de l’existence nous appartiennent. Non !

Que se passe-t-il ! Dénigrement, absence de motivation, mauvaise gestion du temps, des priorités, vouloir trop en faire, ou prétendre et prendre la « Busy attitude » pour se valoriser… aux yeux de qui ? de la société ! Un mélange de tout ceci, qu’en pensez-vous ?!
Ces multiples justifications, pour tout simplement dire que nous sommes indisponibles, pas libres, tel jour, telle date, telle heure, deviennent des doléances, des lamentations, qui résonnent avec violence dans les pauvres oreilles de celle ou celui qui a par malheur eu le courage de proposer ou de suggérer une minuscule fenêtre de liberté de temps dans le planning sacré de Madame et Monsieur « Tête sous l’eau ».

Il est temps, puisque l’on parle de lui, le temps de respirer profondément, après avoir sorti la tête de sous l’eau bien sûr, car nous ne sommes point des poissons mais des humains, et que les humains ça ne respire pas sous l’eau. Rappelons-en nous !

On inspire, on expire, respiration abdominale ou autre, l’important c’est de le faire, puis on répond convenablement, délicatement et en douceur que nous sommes pris, on remercie le ou la personne téméraire qui a osé vous sortir de sous l’eau, et qui n’y est absolument pour rien dans votre manque ou absence de disponibilités. Remercier tiens ! On est tellement pressés et empressés de lancer nos : pas le temps, que l’on n’en oublie cette phase très importante de la communication, du vivre-ensemble et du mieux vivre ensemble, celle de remercier avant de balancer l’histoire de nos vies dans l’océan de poissons que nous ne sommes pas. C’est un peu tendu cette chronique non ! Si c’est «oui», ça voudrait dire que j’ai réussi à vous mettre dans l’ambiance apnéique que je vous décris ici !

Si c’est un « non », eh bien, ça prouve que je suis soulagée de ce syndrome, et tant mieux. Si c’est un entre «oui» et «non», c’est que je suis toujours en voie de guérison… Gardons à l’esprit qu’être occupé est un signe de productivité, à nous de nous occuper positivement, en gérant nos priorités, en assumant nos volontés, et en évitant de nous disperser. Communiquer une non-disponibilité est légitime, et d’ailleurs il est fortement recommandé de le faire pour justement mieux manager son temps. Pas besoin de se justifier, de ne point être dispo !

La non-disponibilité nous appartient, elle est à nous et nous pouvons en faire ce que bon nous semble, sans nous culpabiliser ou culpabiliser autrui.

Vous êtes prêt ?

Alors, sortons nos têtes de sous l’eau et respirons un bon coup !

Pour mieux communiquer et mieux vivre, non à l’apnée et oui à la tête hors de l’eau…

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