Chroniques

Un parfum de fraternité dans un monde en fureur

© D.R

Dans telle rue, tel restaurant, chez cet artisan, à la terrasse de ce café, sur la corniche, dans les souks ce n’était durant tout ce week-end qu’accents espagnol, hébreu, français, autrichien, anglais, canadien… mêlés à notre belle darija.

Des foulards, des cheveux au vent, côtoyaient des kippas, des taguias…des sons de musique arabo-andalouse résonnaient partout… bref Essaouira était le centre de la diversité, du vivre-ensemble, de la bonne humeur, où seuls les rires, les sourires, les éclats de voix joyeux, les embrassades des retrouvailles, parfois les larmes (d’émotion) avaient droit de cité.
La musique fait des miracles, des miracles que la culture et le sport permettent de réaliser bien mieux que des discours…ce sont ces miracles qu’a accompli le Festival des Andalousies Atlantiques, de retour dans la ville des Alizés après 3 années d’absence dues à la pandémie.
Des milliers de festivaliers ont afflué des coins du monde où vit notre diaspora, c’est d’ailleurs l’occasion de voir concrètement à quel point notre communauté installée à l’étranger est forte, plurielle et fidèle.
Toutes les religions étaient présentes, toutes les générations, toutes les langues mais un même amour unissait toutes ces âmes : celui du pays. Lors du shabbat les psalmodies juives ont retenti aux côtés de notre prière du vendredi, le dimanche matin les cloches de l’église ont sonné et à l’occasion de la Toussaint, les jeunes de l’association Mogajeunes et de l’association MogAthlétiquesLeaders, accompagnés de Marocains Pluriels, sont allés déposer des fleurs au cimetière chrétien an compagnie du Père Jean-Claude qui officie à Essaouira depuis 40 ans…

Un magnifique symbole !
Alors bien sûr le spectacle était sur la scène où les rythmes et les chants se sont succédé pendant 3 jours, mais cela tous les médias vous le raconteront, moi mon sujet est «la scène de la rue» là où se déroulaient des séquences de vie inénarrables, mais que je m’efforce de vous faire ressentir au plus proche.
Si j’étais cinéaste je sais que c’est cela que je voudrais filmer pour témoigner, pour faire vivre la mémoire, pour faire vivre l’espoir en un futur fraternel, pour dire voilà ce qui se passe ici, à Essaouira, en 2022, alors qu’ailleurs des hommes s’entretuent, oui c’est possible et cela se passe au Maroc !
Je voudrais d’ailleurs vous raconter ce moment intense que j’ai vécu, là où deux compatriotes juifs -venus du Canada – qui achetaient des olives, ont entamé la discussion avec le jeune vendeur, lui racontant où ils avaient grandi, en désignant la maison de leur enfance du doigt.
Le jeune commerçant âgé d’une trentaine d’années leur a alors dit qu’ils connaissaient peut-être ses parents qui habitent la maison mitoyenne, il est allé appeler son père qui est descendu aussitôt, j’ai alors assisté à une scène incroyable de retrouvailles…
Vous raconter cela à vous Marocain(e)s ne vous paraîtra pas du tout incroyable, mais je ne suis pas sûr que d’autres qui liraient ces lignes comprendraient vraiment tout ce que cela révèle de nous, de notre âme, de notre façon de vivre la diversité, sans être obligés d’inventer des scenarii, juste en racontant notre réalité.
Tout cela pour vous dire que ce Festival des Andalousies qui est sans doute devenu l’un des plus réputés hors de nos frontières doit tout aux Souiris eux-mêmes – qui savent si bien être les ambassadeurs de notre Royaume en matière de vivre-ensemble – et au premier chef à André Azoulay qui en est l’âme et à Tarik Ottmani qui en est l’homme orchestre.
Durant ce week-end, tout comme des milliers de compatriotes je me suis ressourcé, retrouvé , réconcilié avec une actualité difficile en cette période, d’autant plus -et je ne pouvais décemment pas ne pas l’évoquer- que la veille de ce festival j’ai participé activement aux rencontres plurielles «3Ala Slama» de l’association Salam Lekoulam, qui avait invité André Azoulay à venir parler de culture et de mémoire, dans cet écrin qu’est Bayt Dakira…
Puisse le souffle de fraternité qui s’est dégagé de ces 3 jours aller régénérer l’air de tant de contrées en souffrances !

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