Chroniques

Un vendredi par moi

© D.R

La loi des séries le voulait. Il est arrivé : «Les officiers de Sa Majesté» de Mahjoub Tobji, ancien aide de camp du général Dlimi. Le contenu du livre ne m’apporte rien et m’importe peu. Plus éloquent est un passage du communiqué de presse, annonçant sa publication, dont s’est fondu l’attachée de presse de la maison d’édition Fayard, une certaine Dominique Fusco. «Ce livre, écrit-elle, […] fera beaucoup  de bruit au Maroc où quatre ou cinq hebdomadaires […] en feront leurs choux gras».
Faire des choux gras voulant tout simplement dire tirer profit, l’attachée de presse, avec un peu plus d’égard pour ses colporteurs indigènes, aurait pu écrire, par exemple, que «le livre ne manquera pas de susciter leur intérêt.» Mais quelle importance du moment que le prévisible s’est produit comme prévu et qu’en matière de prévisions cette communicatrice n’a pas fait chou blanc.

L’enfance de l’art pour le septième, me dit-on à Tanger, est le court métrage. L’entrée de service pour les artistes du cinéma, le premier pas dans un monde d’étoiles où il est particulièrement difficile de se faire une place au soleil. Pour la quatrième année consécutive, la ville du détroit a abrité le festival du court-métrage méditerranéen. Cette année encore, Noureddine Saïl a réussi à réunir 37 œuvres et quelque 400 artistes représentant 15 pays. Une organisation dans les règles de l’art. Un succès qui ne se dément pas.

L’espace du festival est pendant six jours un instant d’épanouissement. Un vaste lieu d’échange entre gens qui, souvent, vivent d’art et d’eau fraîche. Un milieu qui, les poches pleines de rêves,  affiche l’excentricité comme une identité et l’extravagance comme une défense contre les misères du monde. Au carrefour d’un dîner officiel, je croise Amal Al Attrache. L’actrice qui a beaucoup amusé le public du Ramadan dans la première série de Lalla Fatéma. Elle y tenait le rôle de la boniche niaise et assoiffée de mariage. Aux antipodes de ce rôle, l’actrice à laquelle peu de journaux ont donné la parole a des préoccupations culturelles au-dessus de la moyenne nationale. Elle a actuellement pour livre de chevet «Samarkand» d’Amine Maalouf et parle du triptyque de ses personnages, Nidham Al Moulk – le pivot du pouvoir, Hassan Sabah -l’intégriste terroriste et Omar Al Khayam- l’intellectuel agent de liaison, avec  délectation. Elle rêve de théâtre comme d’autres rêvent d’amour.

Des chiffres et des lettres ou la comptabilité du macabre. Le 11 septembre 2001, l’attaque contre le World Trade Center a fait 2973 victimes. En mars 2003, les Etats-Unis d’Amérique envahissent l’Irak. 127 mille soldats américains y sont déployés. Début septembre, le nombre de morts américains n’avait pas encore égalé celui du 11 septembre mais s’en rapprochait en franchissant le cap, "symbolique" nous dit-on, des 2500. Dans les rangs irakiens les décès avaient déjà dépassé en octobre 2004 le seuil des 100 mille. En majorité des femmes et des enfants. Il y a cinq ans, le président américain nous promettait Oussama Ben Laden bien cuit ou saignant. 1700 jours plus tard, je m’étonne qu’il ne nous l’ait pas encore livré même cru.

En visite chez lui en Bavière, le Pape Benoît II a condamné «la croisade islamique». Je ne crois pas que Sa  Sainteté son prédécesseur aurait osé pareille sortie. Mais je comprends mieux pourquoi Jean-Paul II est Jean-Paul II.

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