Chroniques

Un vendredi par moi

© D.R

C’est aujourd’hui à midi que commence la campagne nationale de solidarité. Elle en est à sa huitième année. Après avoir atteint sa vitesse de croisière, c’est plutôt bon signe qu’elle apparaisse comme un acte routinier ancré dans les habitudes.

Est-elle pour autant au-dessus de toute critique. Certainement pas ! Là où il y a action il y a erreurs, insuffisances et dysfonctionnements. Il suffit juste de les repérer pour réparer. Encore faudrait-il éviter que cette attitude corrective ne soit  altérée par le reproche que font quelques-uns à la Fondation Mohammed V pour la solidarité: faire de l’ombre sur ce terrain à la société civile ou n’être qu’un outil de «relations publiques» royales.         

Que l’on se souvienne ! Au moment où la fondation entre en jeu en 1998, la même société civile, à quelques exceptions près, était bien paniquée et étouffée par la déferlante caritative des islamistes. On était alors bien heureux de voir le Roi, encore Prince héritier, descendre dans l’arène avec le rouleau décompresseur de la puissance monarchique pour limiter les dégâts de l’action politiquement très intéressée de la mouvance islamique.

Mais si c’est une méprise de vouloir considérer aujourd’hui que l’action de la fondation devrait être neutre de toute connotation politique ou se faire en dehors du champ étatique, c’est une grossière erreur de croire qu’à sa mise en place, elle n’obéissait qu’au souci, combien même fut-il important, de contrecarrer l’islamisme. Il suffit de revisiter les textes. A son origine, on croise une idée humainement généreuse et politiquement ambitieuse. Elle préfigurait ce qui allait devenir plus tard le nouveau concept de l’autorité. En la lançant, le Souverain entendait initier une autre façon de faire. Sa finalité déclarée consistait aussi bien à amener les gens à adhérer de nouveau aux valeurs de la solidarité, à rapprocher les citoyens, défiants, de l’Etat qu’à créer de nouvelles synergies entre ce dernier et le privé. Il s’agissait également d’intéresser et de motiver le tissu associatif  circonspect, sinon indifférent à l’investissement concret dans les espaces de l’action publique.

Avec l’INDH (Initiative nationale pour le développement humain), quelles qu’en soient les limites, les soubassements de l’opération prennent corps et donnent de la perspective à un principe élémentaire de toute construction politique. A savoir que le succès de l’action pour le développement et la démocratie  n’est possible que si l’œuvre d’édification est mise à l’abri des remous sociaux pour permettre aux gouvernements et aux différents agents de développement de travailler, sans trop subir les tourments de secousses sociales, aux grands chantiers structurants, mais dont les retombées n’apparaîtront qu’à moyen et long termes. Ce qui fait que nous sommes bel et bien en présence d’une approche globale qui a pour objectif de réduire l’impact de la pauvreté et donner du temps au travail de fond qui seul, s’il est bien mené, peut réduire réellement et durablement la misère. Qu’un tel objectif politique rencontre la sensibilité humaine du Roi ne peut que mieux nourrir l’espoir sans lequel répétait Malraux qui en savait quelque chose, le «monde est irrespirable.» Une lapalissade que l’on a trop tendance à oublier.

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