Chroniques

Un vendredi par moi

Le parti que Fouad Ali Al Himma et ses amis ont mis en branle pose problème. A plus d’un. Entre enthousiastes et réfractaires, les raisonnements sont marqués par une ambivalence qui dit bien le trouble que suscite l’initiative chez les intéressés. Les préoccupations sous-tendant cet intérêt ont une même origine : «le parti de Si Fouad» est-il le parti du Roi ? Pour justifier qu’il soit, le questionnement reste sans objet d’autant plus qu’il n’a aucune chance de trouver réponse. Ni chez le Roi qui est le Souverain de tous les Marocains ni chez Ali Al Himma qui, quel que soit iks, ne peut s’autoriser de franchir le seuil du non dit. L’embrouillamini qui en résulte n’a de paradoxale que l’apparence. Il se trouve ainsi que ceux qui cherchent à minorer l’importance  de l’action du Mouvement de tous les démocrates et de son «bras séculier» le Parti Authenticité et Modernité (PAM), sont ceux-là mêmes qui en craignent, à travers une bénédiction royale, un impact majeur sur la distribution actuelle du jeu politique. L’attitude traduit une forme d’exorcisme: tout en subodorant quelque chose on cherche à le conjurer en se convaincant de son inexistence. L’écartèlement mental que génère cette démarche est source de désarroi intellectuel et de doute qui, parce que peu méthodique, cesse d’être fécond et se mue en venin paralysant de la réflexion. D’où la pauvreté et la superficialité du débat autour de ce qu’entreprennent Fouad Ali Al Himma et ses  amis. Que nous dit-on ? «Le MTD et son rejeton le PAM représentent un danger pour l’évolution démocratique du Maroc, car s’ils sont ce qu’on craint qu’ils soient, ils ne seront que la réincarnation d’un passé que l’on croyait à jamais révolu.» Ce faisant on croit avoir tout dit. Tout juste si les moins paresseux font l’effort à coups de simplifications de trouver une antinomie entre modernité et authenticité.

La compréhension
du phénomène appelle une autre approche. Elle ne consiste pas à se demander si le Roi est derrière le MTD et sa filiale le PAM, mais d’abord à se souvenir qu’on est dans une monarchie exécutive qui dit son nom et l’assume. Devant l’évidence qu’on ne gouverne pas le Maroc avec une vision étriquée ou en ne manipulant qu’un seul levier, le Monarque a en constance plusieurs fers au feu. A charge pour chaque pilier de réussir les obligations de son «contrat». L’approche revient ensuite à poser la bonne question, à savoir le nombre de partis au Maroc. Plus que nécessaire certainement. Encore faudrait-il se rappeler, ce qui est plus important, que «trente-trois partis moins cinq plus un, soit vingt neuf» ne captivent, valeur d’aujourd’hui,  que quelque vingt pour cent des voix. Ce qui n’est pas une donnée nouvelle. N’en déplaise à un discours politique aux prétentions hégémoniques sans fondement, et en ne retenant que la Maroc du 20ème siècle qui a vu naître  les formes d’organisation partisane, cette carence date de l’époque du protectorat. De telle manière que le régime a toujours eu à se rallier ou à domestiquer la frange de la population sensible à l’organisation partisane en même temps qu’à gérer celle, largement majoritaire, restée imperméable à ce genre de mobilisation. Je reviendrai dans une prochaine chronique avec une plus ample explication de cette réalité et de ses implications. Mais la bonne santé de l’analyse exige auparavant de se refuser à l’imputation de cette réalité à l’administration, la falsification, la corruption… Ce serait céder une fois de plus et de trop à une facilité qui appartient à cette culture très marocaine de ne jamais reconnaître qu’on a laissé tomber le verre mais à se défausser sur lui en l’affligeant de l’autonomie de pouvoir de son propre chef nous  glisser des mains.

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