Chroniques

Un vendredi par moi

«Les pluies bienfaitrices ont causé de nombreux dégâts aux infrastructures et entraîné la mort de 13 personnes», écrit un quotidien de la place. Il n’est pas le seul sur ce registre particulièrement superstitieux et on imagine combien les pluies auraient été plus cataclysmiques si elles n’avaient pas été «bienfaitrices». C’est connu, le rapport à la pluie obéit à des réflexes ataviques. «De l’eau, Nous avons créé toute chose vivante», dit le Coran et plus prosaïquement, l’eau c’est la vie quand bien même elle peut semer la mort à l’occasion. Le mal ici contient le bien. Peu ou prou, la pluie on l’adore et tant pis si elle fait couler les larmes de quelques chefs d’entreprise dans la région de Tanger. On organise des prières rogatoires lorsqu’elle se fait trop désirer et on implore Le Tout-Puissant pour qu’elle soit à la mesure des besoins quand elle tombe, ni une goutte de moins ni un torrent de plus. Au Maroc, assurait Lyautey, gouverner c’est pleuvoir. En France par exemple, le moral des ménages se mesure au pouvoir d’achat, chez nous, il se calibre sur la pluviométrie, ce qui revient au même. Cela fait longtemps, c’est-à-dire depuis les rudes sécheresses des années soixante-dix du siècle dernier, qu’on trouve dérisoire de continuer à parler du Maroc comme un pays agricole alors même qu’il est semi-aride. Pourtant, on s’y accroche dur comme fer. Normal. A une saison de bonne pluviométrie, correspond un bon taux de croissance. Dès lors, il est urgent de la ménager de peur qu’elle boude encore. Car au Royaume du soleil, c’est la pluie qui fait le beau temps.

Elle est belle dans son foulard laissant transparaître coquettement la naissance de ses cheveux d’ébène sur le front. Et à en croire sa photo, elle ne boude pas son plaisir ni les bienfaits de la cosmétique sur sa photogénie. Elle, c’est Amal Suleimen Afif, une égyptienne que le tribunal de la famille en Egypte a adoubé comme officier d’état civil (adoule). Désormais, elle pourra formaliser les mariages, attester de l’authenticité des contrats et présider, entre autres, à la distribution des héritages. Là où il fallait, selon une certaine tradition, deux femmes pour que le témoignage de la descendance d’Eve soit valide, il n’en faut plus qu’une. Si ce n’est pas une révolution, c’en est un début. Naturellement, chaque fois qu’il y a évolution au féminin, il y a débat. Au Maroc, cheikh Abdelbari Zemzmi, l’a tranché sans tarder. «Si les musulmans, dit-il, ont accepté des hadiths rapportés par une des épouses du Prophète, pourquoi n’accepteraient-ils pas de tenir compte du témoignage d’une femme pour assurer les liens du mariage» ? Du pur bon sens. Il fallait juste y penser et je m’en veux presque de ne pas l’avoir fait avant lui. Du coup, j’ai envie de me rattraper. Si une femme du Prophète a pu recevoir, à compétence égale des hommes, le legs, combien lourd, de la tradition mohammédienne, pourquoi les filles n’hériteraient-elles pas de leurs parents à égalité avec leurs frères ?

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