Il semble qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond chez Christopher Ross, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Sahara. Mais auparavant, un mot sur le discours royal du 20 août, un discours cadré qui se suffit à lui-même. Juste un mot donc pour souligner un passage qui me semble important dans la conjoncture que traverse le dossier du Sahara. Evoquant la détermination marocaine face aux ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc, le Souverain a été, sur le comportement intérieur par rapport à cette affaire, d’une clarté on ne peut plus limpide : «Nous affirmons à cet égard, a précisé Sa Majesté, que les droits de la citoyenneté [marocaine] ne peuvent être conçus ou exercés que dans le cadre du respect du droit suprême de la patrie à la sauvegarde de son unité, de son intégrité territoriale et de sa souveraineté nationale.» Ce qui ne tourne pas rond chez Christopher Ross, c’est qu’il donne l’impression d’avancer à rebours. Sa lettre au groupe des « amis du Sahara » (USA, France, Russie, Grande-Bretagne et Espagne) est un chef-d’œuvre en matière de marche à reculons. Se retrouvant dans un cul de sac parce qu’il ne peut ou ne veut pas dire ses quatre vérités à l’Algérie, M. Ross, à en croire les extraits de sa lettre, considère que le Maroc devrait accepter de discuter la proposition du Polisario, autant dire d’Alger, qui consiste à revenir au principe d’un référendum d’autodétermination ne comportant que le choix entre l’indépendance ou l’intégration. De deux choses : ou l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU joue les innocents ou il n’a rien compris au dossier. La proposition marocaine d’autonomie, jugée crédible par la communauté internationale, est le produit précisément d’un constat d’échec. L’arrivée du processus référendaire qui a pris plus de vingt ans (1976 – 1997) à l’impasse. C’est sur demande de l’envoyé spécial de l’ONU, à l’époque James Baker, que le Maroc, pour transcender le blocage, s’est présenté à la rencontre de Berlin en 2000, avec, comme le souhaitait la communauté internationale, une option alternative qui a accouché non sans douleur de la proposition d’une autonomie élargie. L’attitude constructive de Rabat a enclenché une dynamique de consensus que ce dossier n’a connue à aucun moment de son histoire. Sans revenir à toute la chronologie, à commencer par la demande algérienne d’un partage du territoire dévoilant ses réelles et illégitimes ambitions, revenir aux positions primaires d’Alger place M. Ross aux antipodes de son prédécesseur, Peter van Walsum qui a compris que l’indépendance est une voie intenable. On peut comprendre que pour une raison ou une autre, le diplomate américain échoue. Il ne serait pas le premier. Il n’a alors qu’à jeter l’éponge au lieu de limiter son ingéniosité à la proposition d’une régression dans le sens où l’entend le dictionnaire : une évolution vers le point de départ.