Chroniques

Un vendredi par moi

Mustapha El Khalfi, directeur et éditorialiste du quotidien Attajdid, proche de PJD, a reproduit un article publié en février 2008 dans lequel il s’interrogeait  sur «la fin du modèle marocain» qui aurait épuisé ses ressources. Il serait en quelque sorte en panne et déboucherait à terme, en raison de l’apparition du Mouvement de tous les démocrates, sur la transformation de l’institution royale. Celle-ci, de «maître de l’ensemble de l’équation politique», passerait au statut «d’une simple partie prenante de l’équation en interaction avec ses autres composantes». Il rappelle  dans sa republication que je m’étais opposé à son raisonnement en défendant la nécessité de l’interventionnisme de l’Etat comme régulateur politique et locomotive économique. Deux modes d’emploi inspirent Mustapha El Khalfi : Celui, au plan économique, des Emirats Arabes Unis qui a une politique volontariste pour le développement de la société, et celui, au plan politique, de l’Egypte fondé sur «la philosophie du parti-Etat qui préside à l’opération de l’encadrement politique des centres urbains et des villages ruraux». Dans ce schéma, le Maroc se réduirait à une synthèse de la façon de faire égyptienne en politique et à celle émiratie en économie.  Le raisonnement conduit le directeur d’Attajdid à la fatalité de l’échec du modèle marocain. Pour ma part, je persiste et signe car je maintiens que son ce raisonnement a l’inconvénient d’oublier que la démarche marocaine qui a sa propre histoire dans la régulation de l’espace politique et de l’incitation économique, ne vient ni du modèle égyptien ni de celui des Emirats.  Pour le volet économique, il y a lieu de commencer par tordre le cou à un leurre. L’interventionnisme économique de l’Etat est une constante de la vie des pays. Il suffit de voir l’attitude des Etats développés depuis le déclenchement de la crise financière de ces dernières années.  L’économie marocaine, pour sa part, n’est nullement le produit de financiers audacieux et d’entrepreneurs hardis. Le capital national est né au sein de l’Etat et a été couvé par lui. Feu Hassan II s’en explique bien dans «Mémoire d’un Roi». Aujourd’hui encore, en raison des besoins du pays, il est des politiques, comme le logement ou les autoroutes, qui ne peuvent se concevoir qu’avec l’appui de l’Etat. Je ne dis pas que le pays n’a pas besoin de réformes. Mais plaider pour celles-ci est une chose, condamner un volontarisme pensé sur la base de grands champions de l’économie pour lui servir de locomotive en est une autre. Reste l’interventionnisme dans le champ politique à des fins de réanimation. Il s’explique vraiment par les raisons auxquelles ne semble pas trop croire le directeur d’Attajdid. A savoir la carence des forces politiques dans ce domaine. A-t-on déjà oublié que les législatives de 2007, malgré la participation du PJD, ont été boudées par 70% des électeurs ?  Comme la nature a horreur du vide, laisser cet espace sans animation reviendrait effectivement à le livrer pieds et mains liés à toutes les aventures. Que mon ami El Khalfi ne se sente surtout pas obligé de suivre mon regard.

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