Chroniques

Un vendredi par moi

Descartes n’est pas marocain. Quoi de plus cartésien que cette affirmation puisque  René est français. Descartes n’est pas marocain est le truisme par lequel quelques descendants de l’auteur du Discours de la méthode, notamment dans la presse, veulent souligner l’irrationalité de la façon de vivre et de penser marocain. Mais à y regarder de plus près, s’ils avaient été aussi méthodiques et aussi rationnels qu’ils se croient, ils se seraient bien aperçus que les prismes à travers lesquels ils analysent le Maroc n’ont toujours donné que des visions déformées. Ils ont cru que les Marocains ne tenaient pas à Mohammed V, il est bien revenu à son Trône en 1956. Depuis que Hassan II lui a succédé, ils n’ont eu de cesse d’annoncer chaque jour sa chute ou sa mort, il a rejoint Le Tout-Puissant dans son lit. A peine MohammedVI a-t-il repris à son tour la couronne qu’on l’annonçait comme Le dernier Roi, il est toujours à la manœuvre et quelle manœuvre ! PS : ce texte n’est pas exclusivement dédié à France 24. 
Les urnes de ce jour n’auront aucune surprise pour les observateurs. Le «Oui» l’emportera. L’évènement est dans le ridicule de l’appel au boycott du scrutin. Une attitude qui a marqué les oppositions des années soixante et soixante-dix. Parce que l’opposition était réelle et impactante, parce que le clivage entre le régime et ses opposants passait par une concrète divergence sur la nature du pouvoir et de l’idéologie qui devait le sous-tendre, parce que le monde était coupé en deux, Est versus Ouest, socialisme contre capitalisme, le Maroc s’est retrouvé effectivement bloqué. Que de temps le pays a perdu dans une confrontation qui n’a commencé à se débloquer qu’au milieu des années quatre-vingt dix avec la Constitution que les Marocains vont accompagner ce soir à sa dernière demeure. Ces années, que l’on a baptisé les années de plomb dans la foulée de l’Instance Equité et Réconciliation, ont encore leurs nostalgiques. Ils tiennent le même discours avec les mêmes mots et le même entêtement. Je ne parle pas de JAWI de Abdeslam Yassine qui a quinze siècles de retard à rattraper ni même d’Annahj dit démocratique alors que la teneur de ce vocable puise son étymologie dans les démocraties populaires des ex-pays de l’Est. Ceux dont il est question ici sont les gens du PSU, quelques dissidents de l’USFP et ce qui reste encore de la jeunesse du 20 février. Ce soir ils vont pouvoir se compter : les décédés d’entre le renouvellement des cartes électorales et le scrutin, les hospitalisés dans les hôpitaux, les flémards qui vont profiter du référendum pour faire l’école buissonnière, les je-m’en-foutistes qui ont les pieds ici et la tête ailleurs…renforceront leur illusion d’avoir un taux à deux chiffres. En appelant au boycott du référendum, ces mouvements se sont privés du seul moyen de faire tomber la Constitution qu’ils rejettent : le vote.  Par la même occasion ils évitent la confrontation avec le dépouillement, le leur. Enfin si JAWI était aussi fort et aussi populaire qu’il le prétend ou que le disent certains «observateurs», c’est dans les urnes de ce soir qu’il aurait pu nous en faire la démonstration irréfragable.

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