Une médiation française entre Rabat et Alger sur la question du Sahara ?. Posée avant le 30 juillet dernier , cette interrogation aurait pu paraître saugrenue et irréaliste. Paris adoptait une neutralité négative qui ne la qualifiait nullement d’entreprendre une telle démarche. D’autant plus qu’il n’était peut être pas dans l’intérêt de la diplomatie française d’incarner ce rôle de médiateur. Aujourd’hui la donne a changé. Ce qui était impossible à imaginer hier devient une probabilité raisonnable aujourd’hui.
En prenant ce 30 juillet de manière claire un tournant pro marocain, la diplomatie française s’est donnée les moyens politiques de s’investir dans la résolution d’un conflit régional dans le maintien est une menace permanente pour la paix et la stabilité dans la région. Pour Paris, apporter un soutien aussi massif à la souveraineté du Maroc sur son Sahara ne doit pas se limiter à une annonce politique destinée à la consommation propre des chancelleries. Il doit être une occasion de peser de tout son poids pour la résolution de cette discorde régionale.
Paris pourrait s’investir dans ce conflit à travers deux paramètres diplomatiques. Le premier est de continuer à soutenir l’option de l’autonomie, jugée aujourd’hui comme solution exclusive de sortie de crise. Un engagement français d’une grande ampleur aurait forcément un impact à la fois européen et africain. Le second est s’investir dans une tentative de convaincre les autorités algériennes de la dangereuse impasse de leurs visées régionales.
Il est clair aujourd’hui qu’au vue de la réaction sanguine d’Alger qui vient de retirer son ambassadeur de Paris et qui menace la France d’une série de sanctions vengeresses , il paraît difficile, voire incongru, d’envisager le moindre dialogue constructif et apaisé entre La France et l’Algerie. Mais il est tout aussi certain que cette situation ne va pas durer éternellement et que le divorce franco-algerien , pour des raisons d’intérêts imbriqués, serait par définition de courte durée et que viendra la moment où les relations entre les deux États gagneraient fatalement en réalisme politique.
Dans ce cas de figure, une médiation française paraît probable. Paris entretient avec le Maroc un partenariat d’exception que sa décision du 30 juillet est venue renforcer, voire lustrer avec une brillance inédite. La France, malgré les divergences politiques avec le régime algérien, demeure sa principale fenêtre vers l’étranger et son principal soutien à l’international. Les récentes tensions entre Alger et Moscou, destinées à s’approfondir, en sont une illustration supplémentaire.
Après l’orage algérien qui a accompagné le tournant français sur le Maroc, Paris n’aura d’autres choix que de d’inscrire son action diplomatique entre deux hypothèses. La première est de marcher dans la logique de rupture que semble proposer le régime algérien aux relations entre les deux pays. Ce choix est refusé aussi bien par les français que par les algériens puisqu’il installe un dangereux clivage entre les deux pays condamnés à gérer ensemble leurs legs historiques.
La seconde est de tenter de trouver une porte de sortie à ce qui s’apparente à une impasse algérienne sur le Sahara. Paris pourra toujours s’appuyer sur la politique de la main tendue et de la réconciliation prônée par Le Roi Mohammed VI pour gérer cette crise de voisinage avec l’Algérie. Elle pourra aussi parier sur la nécessité pour le régime algérien de trouver une issue à cette crise hors option de la guerre et de la confrontation militaire régionale.
Dans sa possible tentative de médiation, Paris pourra faire valoir comme argument de persuasion l’impossibilité structurelle d’encourager la naissance d’un sixième État au Maghreb. Une impossibilité encore plus consacrée par une tendance de plus en plus unanime de la communauté internationale à valider l’option de l’autonomie. Seuls quelques pays dont le nombre se compte sur les les doigts d’une seule main continuent à s’accrocher à l’obsession séparatiste du Polisario.
L’hypothèse d’une médiation française sur le Sahara , la France étant l’ancienne puissance coloniale, pays qui maîtrise les archives et l’histoire de ce conflit, pays qui a fabriqué les actuelles frontières au Maghreb source de ces tensions, est une hypothèse de plus en plus actuelle et logique. Même le régime algérien , une fois passé le temps de la réaction sanguine , pourra accepter une telle éventualité beaucoup plus facilement si elle venait de la France que s’il s’agissait d’une proposition d’un autre pays . D’ailleurs la liste des refus algériens de ces médiations entre le Maroc et l’Algérie est extrêmement bien fournie et révèle une forme d’allergie algérienne à toutes ces interventions extérieures fussent-elles armées des meilleures intentions.














