Mon ami sceptique comme à son habitude m’appelle en se gaussant me disant que voilà : «un simple bug et c’est la fin desdits réseaux sociaux» que lui appelle les réseaux asociaux.
«Il suffit d’une panne pour que huit milliards d’êtres humains paniquent et angoissent. Tu vois mon amie à quoi sommes-nous réduits, nous autres pauvres humains ! Un court-circuit et nos neurones lâchent et nous voilà plongés dans le doute, dans la peur et la crainte ne sachant plus quoi faire de notre temps, étant habitués au-delà de toute limite à vivre dans nos gadgets que l’on dit smart mais qui au final nous rendent si pitoyables, si tristes, si dépendants, si fragiles». Dans un sens, mon ami a raison. Complètement raison. Mais j’ose tout de même une sortie en lui expliquant que toute cette technologie nous sert à communiquer les uns avec les autres, à travailler, à nous faciliter la vie et les choses, bien sûr, pour peu que l’on y mette du sien et que l’on utilise tous ces outils à bon escient.
Ces réseaux nous servent à faire des recherches, à nous mettre au courant des actualités du monde où nous vivons, à partager nos travaux les uns avec les autres, à nous enrichir aussi, dans un certain sens. Bien sûr, cette panne a généré une grande angoisse. Bien sûr, les gens ont eu peur et se sont sentis coupés du monde. C’est tout naturel. C’est tout normal. Ces réseaux font partie de nos existences à tous. Mon ami me coupe net et se lance : «Pour un psy, tu es bien gentille mon amie. C’est vrai, on peut faire bon usage de toute cette technologie, mais dis-moi combien dans ce monde en font bon usage ? Les gens vivent dans ces réseaux. Ils réfléchissent avec ces réseaux. Ils planifient leurs vies selon ce qu’ils y voient. C’est devenu leurs uniques repères. Ils ne jurent que par eux. Ils y passent de longues heures.
Certains en sont devenus accros et addicts. C’est devenu un réel problème de comportement et dans de nombreux cas une véritable pathologie. Passer toute la journée à faire défiler des images, à regarder les fausses vies des autres, à suivre telle ou telle célébrité qui nous sert sa dope dans une parfaite médiocrité, c’est affligeant. C’est tomber bien bas pour des humains qui se disent dotés d’intelligence ». Sincèrement, le verdict de mon ami est juste à plus d’un égard. C’est certes sans appel et fort en symboles, mais je suis de nature optimiste et j’aime garder espoir. Je lui dis que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, que de nombreuses personnes savent faire la part des choses et que le plus important est d’avoir ces outils comme ouverture sur le monde. Sans oublier de lui donner raison sur le fait que c’est devenu de véritables addictions pour un grand nombre d’humains, surtout les jeunes qui ne savent pas filtrer et éviter les écueils d’une technologie qui peut les absorber sans commune mesure.
Il me regarde durant quelques instants avant de dégainer : «Je te dis qu’il a suffi d’une petite avarie dans le système et des gens se sont mis à chialer, à crier, à tourner en rond comme dans des cages ne sachant plus quoi faire de ce trop-plein de temps vide qu’il leur faut remplir coûte que coûte. Oui, mon amie, il y a des gens qui ont atterri dans des unités de soins pour attaque de panique quand d’autres ont dû avaler des cachets pour passer le temps en attendant un retour des connexions. Je te dis que ce monde est mal barré, mon amie. Je ne donne pas cher de cette humanité. Elle est devenue si dépendante des machines et des gadgets qu’elle me fait froid dans le dos.
Demain, nous serons remplacés par des robots et c’est la fin». Cette dernière phrase résonne fortement dans mon esprit depuis ce moment. Oui, l’ère du robot qui peut supplanter l’humain. Quelle perspective ! Quel futur ! Quelle finalité pour nous autres humains qui devons tout faire aujourd’hui pour garder ce qui fait de nous des êtres humains, avec nos valeurs, nos codes, nos dogmes, nos histoires, nos idéologies et nos repères éthiques ! Je me dis que le monde où nous vivons peut devenir traître et étranger. A nous de savoir négocier où sont les limites technologiques à ne pas franchir. Car, à quoi servirait tout ce que nous nommons progrès si ce même progrès devait signer la fin de notre humanité ?