Chroniques

Non aux étiquettes socio-comportementales et Oui à la différence !

© D.R

On entend de plus en plus parler de l’«Overthinking », un peu comme de l’«hypersensibilité » il y a quelque temps et de plein d’autres traits de caractères… Des sortes de vagues ou de tendances des comportements et des psychiques.

Comme la mode touche à tout et à tous, elle concerne forcement tout ce qui nous concerne. Hormis les sentiers battus qu’elle a conquis depuis toujours, fringues, destinations, accessoires, restaurations, elle s’est bien installée aussi dans les chantiers immatériels de nos pensées et de nos attitudes. Vous l’aurez certainement constaté vous-même qu’il y a des périodes ou plusieurs d’entre nous vont se définir comme des personnes « stressés », « perfectionnistes », « donnant tout mais ne recevant rien », « fous amoureux des animaux », « dingues de la nature », ou décrivant les autres de « narcissiques », « égoïstes », « procrastineurs », des étiquettes collées à une même période à nous et aux autres. Une façon simpliste et facile de cataloguer et de se cataloguer ou tout bêtement de faire la conversation avec des phrases bateaux qui en deviennent des élocutions « in » ou je dirais plutôt « out » parce qu’à mon goût si c’est trop usé, c’est trop dépassé en terme de saison et d’effet mode.
Et c’est ainsi, que des étiquettes s’en vont et que d’autres arrivent à chaque rentrée, un peu comme pour les cahiers des élèves, chaque année on en met des neuves, les noms et prénoms sont les même mais les étiquettes changent.
En gros, nous les humains aimons les étiquettes ! Et se qualifier et qualifier les autres de quelque chose est un exercice social des plus courants. Est-il sain ? Productif ? Positif ? Ou comme cité plus tôt ici, est-il un simple acte de communication pour dire quelque chose de quelqu’un ou de nous, sans trop en mesurer les conséquences. Oui, les conséquences, car les mots ont leur poids et leur poids pèse lourd. Tout ce qu’on dit à effet sur nous et sur ceux de qui et à qui on le dit. Si quelqu’un dit de lui- même qu’il est « perfectionniste » régulièrement, il va commencer à agir en conséquence, et à se prendre pour le perfectionniste qui cherche sans arrêt la perfection, et utilisera çà comme prétexte à ses retards, ses non respects des échéances, des engagements, et de ses responsabilités. Ce monde de soit disant perfectionnisme dont il se qualifie à tout bout de mots et d’échanges, deviendra une pseudo zone de confort, qui au lieu d’en faire un « perfectionneur de perfections » en fera un « perfectionniste imaginaire » s’imaginant au top de la perfection et ainsi imaginant tous les autres comme des non-perfectionnistes et donc lui serait meilleur que tous ces autres.
Se voiler la face avec des étiquettes sur nous même, supposées nous aider mais qui nous font ralentir et donc retarder. Les exemples sont nombreux ! S’en était un des plus en vogue !
Moi qui vous écrit, je faisais pareil, je me suis qualifiée de nombreuses qualifications. Puis comme j’ai réalisé que quand les autres le font d’eux même avec moi ça m’interpelais peu sur eux, ou plutôt beaucoup sur leur manque de connaissance sur eux même et sur leur façon frivole de s’auto-étiqueter pour faire comme les autres et s’inscrire ainsi dans la tendance de l’attitude et du comportement social du moment. Comme si la priorité n’était que de faire partie de manière inclusive et exclusive de ce genre mentale, social et comportemental. Dans un monde de stress et de stressés se décrire comme autre que cela serait comme s’exclure de ce monde. Je vous disais donc, que je le faisais aussi, et que mon ressenti face à ce type de communication a fait que j’ai pris du recul et que je me suis donné le temps de réfléchir sur tout ceci, et ensuite j’ai commencé à y réfléchir deux fois avant de dire des « Moi aussi je suis… », « Je suis exactement comme çà aussi… », dès que mes interlocuteurs pratiquent devant moi ce que j’appellerai aujourd’hui ici l’Auto-étiquetage et l’étiquetage socio-comportemental tendance ».
Surtout que çà n’est pas très original d’être comme tout le monde, non !
Si tous se désignent d’« Overthinker » pourquoi donc ferais-je pareil !
Si tous aiment à se nommer « Hypersensible » à quoi bon me rajouter aussi à la longue liste humaine de ces « hyper-humains-sensibles » !
Si tous se disent « Perfectionnistes », c’est plus cool pour moi de dire que la perfection et moi ça fait deux ou même trois… !
Je risquerai peut-être de paraitre une « hasbeen » du comportement et de l’hyper recrudescence sociale et comportementale du genre humain ayant les mêmes étiquettes bien collées au front, peut-être même deux d’étiquettes sur ce même front, une mise par eux même sur eux-mêmes et une par les autres à leur sujet. Jolies décorations ! Un besoin d’appartenance et d’urgente collaboration au groupe même lorsque pour cela vous vous « désappartenez » de vous-même et que vous passez à côté de votre liberté de choisir qui vous êtes, de le découvrir chaque jour plus ou d’assumer ce qui que vous êtes qui n’est pas comme les autres.
Les étiquettes et les modes sociétales et comportementales qui vous qualifient de ci et de çà et qualifient par la même les autres autour de vous de cela et de ceci, sont des chaines qui nous retiennent, qui nous privent de clairvoyance et qui nous installent dans un pseudo confort ralentissant notre développement.
Les étiquettes nous réduisent à une personnalité et à une seule, à une façon de faire ou de ne pas faire…à une voix, à une vie, à un choix…
Les étiquettes sociales et comportementales, sont des freins au vivre ensemble et à l’auto-épanouissement.
Pour mieux communiquer et mieux vivre, s’en débarrasser et oser ne pas les emprunter et un acte non pas démodé mais bien au contraire c’est un acte fondé sur l’envie d’une meilleure conscience et connaissance de nous-mêmes et des autres.
Je ne suis ni « perfectionniste », ni « hypersensible », ni « hyperstressée », ni « ovethinker », car je suis bien plus, car je suis plein de versions différentes à chaque instant et car je suis unique…
Les autres ne sont pas tous des « narcissiques », des « procrastineurs », des « hypermegaegoistes », des « hyperinterresés », car eux aussi sont des nouvelles versions d’eux-mêmes chaque jour…et car eux aussi sont uniques…par leur différences…
Abat les étiquettes et vivons la différence !

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