Chroniques

Y a-t-il une vie avant la mort ? (Part1)

© D.R

Ce sont, malheureusement, les personnes (hommes et femmes), qui s’étaient conformés aux dogmes (mental slavery), qui arrivent au middle age avec l’amère réalité d’avoir vécu la vie d’un autre. Et eux? La peur d’être chassé les a tenaillés. Ils paient, très chèrement, le prix d’être eux.

 

Telle était la thématique de la conférence TedX animée, en 2011, par Pierre Rabhi, essayiste français. Cette question fait écho à une autre question posée par Steve Jobs, lors de son discours à l’université Stanford, en 2005, «comment vivre avant de mourir».
C’est aussi une question qui revient, en boucle, dans plusieurs séances de coaching. Question légitime qui mérite réflexion.

Des hommes en «manques»
La middle age crisis touchait les quadras et les quinquas. Elle désigne des hommes rattrapés par certains «manques». Des hommes qui n’ont pas pris le temps de vivre, d’aimer, de s’amuser, de voyager, de faire ce qu’ils ont envie de faire. De vivre pour eux!

Une crise protéiforme
Depuis une vingtaine d’années, cette crise vit sa mue. D’abord, elle est genrée. Elle touche, aussi, des femmes. Ensuite, elle n’a plus d’âge. De nombreux jeunes des deux sexes se posent La question : à quoi sert la vie?
Cette question a été amplifiée par la crise du Covid. Des hommes et des femmes de tout âge sont, aujourd’hui, à la quête de sens à leur vie. Ils ont décidé de prendre leur destin en main.

Apprenons à vivre pour nous
Dans son célèbre discours à Stanford, Steve Jobs nous invitait à ne pas gâcher notre vie en vivant la vie d’un autre.
Selon le consultant belge Fréderic Laloux, auteur du bestseller «Reinventing organizations», l’Humain a perdu son libre arbitre depuis la formation des premières cités. Les cités étaient formées par des Humains qui se ressemblaient. «qui s’assemble se ressemble» n’est-ce pas? Celui qui n’était pas conforme à l’idéal de la cité en était chassé. Il ne fut pas bon, en ces temps, de se trouver seul dans la brousse face aux mammouths.
La conformité est devenue, ainsi, la règle d’or pour vivre en communauté.
On fait ses études dans telle université pour obtenir tel diplôme qui permet d’accéder à tel poste dans telle structure. Une fois en poste, on achète telle voiture et on habite dans tel quartier et on inscrit ses enfants dans telle école. La boucle est, ainsi, relancée. Du Truman show garanti!
Je ne décris pas la conformité en tant que process pour co-construire un patrimoine commun. Elle est nécessaire. Mais, elle ne doit pas être érigée en règle d’or de la vie. Elle devient, dans ce cas, aliénante, standardisante et inhibante. Elle vise à mettre les Humains dans un seul moule.
Que fait-on, alors, de la diversité ? La diversité est le secret de la vie. La vie se perpétue grâce à notre diversité. Par contre, la conformité crée des suiveurs, des «moutons de Panurge». Ils exécutent sans réfléchir. Ils repoussent la diversité et la combattent avec virulence.
La conformité est, aujourd’hui, responsable de nos souffrances. Certes, le besoin d’appartenance est toujours là. Merci Maslow. Mais, le droit à la différence est le quatrième palier de la pyramide: besoin d’estime. «J’existe, SVP». Le vivre-ensemble suppose d’accepter la spécificité de l’autre. La conformité cherche à gommer les aspérités pour créer un monde lisse et sans relief.
«Ne vous laisser pas piéger par les dogmes», nous avertit Steve Jobs. N’oublions pas que ces diktats ont été élaborés par d’autres pour asseoir leur pouvoir. Ces dogmes nous empêchent de vivre notre vie, de réfléchir outside the box, d’évoluer et de faire évoluer le monde, car chacun de nous a une mission ici-bas. Steve, toujours lui, disait qu’il ne rêvait pas d’être le plus riche au cimetière, mais d’«accomplir quelque chose de merveilleux».
Ce sont, malheureusement, les personnes (hommes et femmes), qui s’étaient conformés aux dogmes (mental slavery), qui arrivent au middle age avec l’amère réalité d’avoir vécu la vie d’un autre. Et eux? La peur d’être chassé les a tenaillés. Ils paient, très chèrement, le prix d’être eux.

Comment résister à la conformité ?
Faire un travail sur soi : «Qui suis-je ?». Ces trois mots magiques pavent la voie vers la rencontre de soi : ses aspirations, ses rêves, ses ambitions, ses faiblesses, ses puissances, ses échecs, ses réussites, dont la somme donne un bel être en croissancce. Nous avons, toujours, le choix. Nous ne sommes victimes que de nos choix.

Faire un travail sur soi: «Est-ce ma vie ? Ou celle d’un autre?»
La conformité apporte quelque chose de réconfortant: un fort sentiment de sécurité, car faisant partie du groupe le plus nombreux. «Qu’il est douillet notre espace de confort !».
Accepter et assumer sa spécificité est, certes, libératoire, énergisant, hyper motivant, mais éprouvant. Car, le chemin vers la liberté est pavé d’embûches et d’attaques de ceux et celles qui ont prêté allégeance à la conformité. Comme on ne peut plus chasser extra-muros, on attaque, on vilipende, on critique, on harcèle l’autre qui a pris la décision d’être lui.
Pour accéder à la liberté, la vraie, laisser votre vraie nature s’exprimer. Laisser parler votre cœur et donner forme à vos rêves, assumer vos défaillances. Cela vous rendra plus irrésistible.
Vincent Lenhardt, fils du premier directeur général de l’OCP, s’était entendu dire, enfant, que dans la famille, on est ingénieur de père en fils. «Tu seras ingénieur, Vincent», lui a-t-on répondu quand il avait dit qu’il voulait être psychologue. Vincent a fait une grande école de commerce. Lors d’un atelier animé à Casablanca, il nous avait dit que, lorsqu’il avait obtenu son diplôme, il l’avait offert à ses parents et a mis le cap sur le Nouveau Monde pour une nouvelle vie. C’est aux Etats-Unis qu’il a découvert l’Analyse Transactionnelle, puis le Coaching. Une fois formé au coaching, il est rentré en France pour former au coaching. Aujourd’hui, Vincent Lenhardt est considéré comme le pape du coaching en Francophonie.

Articles similaires

Chroniques

Macron, Barnier et le Maroc !

Le couple Macron /Barnier est une belle opportunité politique pour le Maroc...

ChroniquesUne

Sahara, berceau de l’Etat-Nation marocain (3/3)

La Constitution marocaine de 2011 rétablit la composante saharo-hassanie en tant qu’élément...

Chroniques

La lanterne de Diogène

Diogène avait une formule pour décrire cet état d’esprit dans lequel pataugent...

ChroniquesUne

Sahara, berceau de l’Etat-Nation marocain (2/3)

Cinq ans après son accession au Trône alaouite, en 1679, le Sultan...