En marge de la projection de son film «Le Mont Moussa» au Centre culturel à Beni Mellal, Driss Mrini nous fait part de ses réflexions sur son parcours cinématographique et la dimension philosophique de son film.
ALM : Qui est Driss Mrini ?
Driss Mrini : Je suis né à Salé en 1950, j’ai poursuivi mes études à Salé et à Rabat où j’ai obtenu mon baccalauréat «Lettres modernes» en 1970. Par la suite, j’ai poursuivi mes études supérieures en communication audiovisuelle à l’Université de Hambourg en Allemagne où j’ai travaillé pendant deux ans comme assistant de production et réalisation à la TV allemande. De retour au Maroc, j’ai passé mon service civil au ministère de l’information puis j’ai été producteur et réalisateur à la RTM.
Certains critiques du cinéma affirment que dans votre film «Le Mont Moussa» vous avez abordé des sujets audacieux. Comment ?
Exactement. Ainsi, j’ai abordé un grand nombre de sujets diversifiés au niveau de mes films dont la source est le roman avec tout son monde riche d’imagination et d’horizons culturels variés et riche de connaissances. Et le roman pour moi est une source d’inspiration qui me permet de choisir ce qui me convient et me plaît pour faire un film. Le Mont Moussa (2022) de Abderrahim Bahir est plein d’aventures, de surprises et de voyages dans les tréfonds de l’âme. D’ailleurs, après mon film comique El Hanch (2017), en tête du box-office pendant deux ans, j’ai abordé le côté philosophique dans le Mont Moussa. Mais le film Bamou (1983) est un film historique qui met l’accent sur la lutte marocaine contre le colonisateur. Il y a aussi un film sur Lhaj Laarbi Ben Mbarek (2010) puis le film Aïda (2014). Et bien que le roman soit riche de connaissances et de savoir, je ne garde que ce qui me plaît et je l’adapte à mes objectifs escomptés au niveau du plaisir artistique, des idées philosophiques, de l’amour, de l’amitié, de l’existence…
Certains critiques disent que dans le film «Le Mont Moussa» le dialogue l’emporte sur la narration, est-ce vrai ?
Le film précité met l’accent sur la narration, le dialogue et surtout l’image, car la photographie est ma passion depuis des années et surtout quand j’étais en Allemagne. La photo joue un rôle considérable au cinéma, c’est un pactole de connaissances et de sources d’imagination et de créativité. Le film bondé de références philosophiques aborde un monde unique en son genre, celui d’une subjectivité en crise d’identité. C’est un film où Saadia Azegoune Siham Assif, Abdenbi Béniwi, Hassane Foulane et d’autres ont joué des rôles qui ont été au niveau des aspirations des mordus du septième art.
Quelle est la dimension philosophique du film «Le Mont Moussa» et ses thématiques ?
Le film met en exergue l’amitié, l’amour, l’existence et le néant en relation avec la sagesse d’un grand nombre de philosophes comme Nietzsche… Il s’agit d’une dualité antonymique entre deux personnages, c’est une sorte de révolution du doute à la certitude en relation, comme je viens de le signaler, avec la culture et la philosophie. Et c’est cette relation qui deviendra une amitié bien que l’un des personnages soit croyant et l’autre athée. Le film a une dimension philosophique, c’est l’élévation, l’ascension comme celle qu’on trouve chez Charles Baudelaire. Et la scène la plus envoûtante du film «Le Mont Moussa» c’est celle de la montée des deux artistes vers le sommet du Mont Moussa. D’ailleurs, certains critiques du cinéma affirment que je suis arrivé à concilier toutes les composantes de l’expression cinématographique dans le Mont Moussa, ce qui a créé un grand plaisir auditif, visuel et intellectuel.