ALM : «Zaïna, cavalière de l’Atlas» a été projeté à la célèbre place Jamaâ-El-Fnaa. Quelle a été votre réaction suite au feed- back du public ?
Bourlem Guerdjou : Avant d’être présenté à un grand public sur la place Jamaâ-El-Fnaa, le film a été projeté hors compétition au Palais des Congrès. Nous avons eu droit à une standing-ovation pendant plus de 20 minutes.
L’assistance avait l’air satisfaite du film. En plus de cela à la sortie des salles, devant l’esplanade du Palais des Congrès, une cérémonie spéciale a été préparée par les organisateurs. C’était une petite surprise sympathique.
De jeunes hommes portant des armures étaient là pour un happening. Une façon de promouvoir le film. Ce geste a fait plaisir à toute l’équipe du film. Concernant le feed-back du public de la place Jamaa-El-Fnaa, il était tout aussi impressionnant. Que ce soit moi ou les autres membres de l’équipe nous sommes du Maghreb. Nous avons donc été très sensibles à la réaction du public. Le feed-back a donc été un véritable triomphe et surtout pour Aziza qui joue le rôle de Zaïna dans le film.
L’actrice principale du film Aziza Nadir n’a jamais fait de cinéma. Quels sont les principaux traits chez Aziza qui vous ont poussé à la sélectionner pour jouer le rôle de Zaïna ?
Dès le départ, je ne voulais pas inclure dans mon film quelqu’un de professionnel. Le but que je recherchais était d’abord la spontanéité et la sincérité. C’est cette même sincérité que j’ai retrouvée chez Aziza. Je m’étais rendu dans une école en province et c’est là-bas où j’ai fais mon casting. J’ai remarqué chez Aziza une certaine facilité dans le jeu. J’ai tout de suite opté pour elle. C’est une personne qui possède une force intérieure et qui sied bien au personnage central du film.
Mais n’avez-vous pas peur pour elle en sachant qu’elle est trop jeune pour commencer une carrière cinématographique ?
C’est vrai qu’elle est jeune et qu’elle risque par la suite d’avoir de mauvaises surprises dans sa carrière. Cependant, nous essayons de nous occuper d’elle. Nous lui expliquons que pour mener une carrière dans le cinéma, il faut avoir une forte personnalité et que ce n’est pas toujours évident. C’est un métier très difficile, et nous essayons de lui donner quelques conseils afin qu’elle se protège et qu’elle ne soit pas déçue par la suite. Mais je suis sûr et certain que Aziza saura avoir une «carapace assez dure» pour pouvoir affronter toutes les difficultés liées au risque du métier.
Je pense que jouer dans ce rôle qui parle en quelque sorte de l’émancipation de la femme arabe est un défi que Aziza a su relever à travers Zaïna.
Quelles sont les difficultés auxquels vous étiez confronté lors du tournage qui a eu lieu au Maroc ?
Au niveau de la logistique, c’était compliqué. On a dû tourner dans une nature aux reliefs rugueux et ce n’est pas facile de faire cavaler des chevaux dans les paysages du Haut-Atlas. Etant donné que nous avons tourné dans un désert de pierres, il fallait déblayer les pistes, nous avons dû enlever pierre par pierre pour ne pas avoir de problèmes.
Votre équipe a-t-elle fait des entraînements d’équitation avant de tourner le film ?
Tout le film tourne autour d’un voyage et d’une course à cheval. Aucun des acteurs ne savait faire du cheval avant le début du film, ils étaient donc contraints d’effectuer des exercices d’équitation pour le bon déroulement du film. Pour les 11 semaines du tournage, l’équipe à dû s’entraîner pendant plus de deux mois. Seuls deux des comédiens sont de véritables cavaliers.
Les deux cavaliers dont vous parlez sont des figurants. Que pensez-vous de l’exploitation dont font l’objet certains figurants de Ouarzazatte ?
Je pense personnellement que l’époque où les figurants étaient exploités est aujourd’hui révolue. En tout cas, dans mon film, les figurants étaient bien payés. Ils ont touché environ 40 euros par jour.