Culture

A bâtons rompus : Le cinéma, l’autre passion de Younès Megri

© D.R

ALM : Ces derniers temps, vous semblez plus pris par le cinéma que par la musique. Est-ce la raison de votre absence de la scène lyrique ?
Younès Megri : Ce retrait partiel du domaine de la chanson ne s’est pas fait de mon plein gré. En fait, ce sont plusieurs facteurs qui m’ont, en quelque sorte, poussé à me consacrer, depuis un bout de temps, beaucoup au cinéma. Et pour cause. La chanson au Maroc est confrontée à divers problèmes. Jusqu’à présent, la chanson n’arrive pas à prendre véritablement son envol. Les artistes marocains vivent toujours sur le passé.
Mais, aujourd’hui, les temps ont changé. A défaut de structures de production, et de diffusion, la chanson marocaine ne peut pas évoluer. D’où la nécessité, voire l’urgence, de stimuler la production musicale. Malheureusement, ce n’est pas le cas. On remarque qu’il y a un véritable vide dans ce secteur.  Quant à ce problème, devrait s’ajouter le phénomène ravageur du piratage,  on a de la peine à imaginer comment sortir la chanson du tunnel. Voilà pourquoi je me suis tourné vers le cinéma.

En parlant de piratage, le chanteur algérien Cheb Mami avait justement plagié votre chanson «Lili Touil » pour l’utiliser dans une musique de film. Avez-vous porté plainte contre lui ?
Le chanteur Chab Mami a en effet plagié ma chanson «Lili Touil». Il a reconnu par la suite son erreur et s’en est excusé. Mais ce qui m’a vraiment fait mal, c’est le fait que Mami ait déposé cette chanson en son nom. Il se l’est, en quelque sorte, réappropriée. Lorsque j’ai contacté le manager de Mami, celui-ci s’est dit désolé, mais il a déclaré que Mami a voulu me faire un hommage en proposant cette musique pour un film. Ces propos m’ont vraiment choqué. S’il voulait me rendre hommage pourquoi n’a-t-il pas fait référence à mon nom. C’est donc cette mauvaise foi de la part de Mami qui m’a dérangé. Lorsque j’ai eu écho de cette affaire, de la part d’Ahmed Boulane, j’ai porté plainte contre Mami.
Cette affaire date de plus d’un an, mais aujourd’hui elle est sur le point de se régler à l’amiable. Nos avocats respectifs ont entamé la procédure, mais elle n’est pas allée devant la justice, puisque j’ai décidé de régler l’affaire sans trop faire de scandale. J’ai été lésé, mais aujourd’hui je n’ai pas envie d’en faire tout un plat. Je considère réellement que cette chanson appartient au public marocain. Pour l’instant, les droits d’auteur de cette chanson ont été bloqués et nous attendons que cette affaire soit résolue.
Elle n’en a pas pour longtemps.

Dans quel créneau vous sentez-vous le mieux : le cinéma ou la musique ?
C’est vrai qu’à l’origine, je suis musicien, mais je me sens également épanoui dans le cinéma. Lorsque je réalise des musiques de film, je nage dans le bonheur. J’adore la musique, mais j’aime aussi le cinéma. J’éprouve du plaisir lorsque j’interprète des rôles dans le cinéma.

Quels sont vos projets pour le cinéma ?
Je viens de terminer un tournage pour une production de la chaîne anglaise BBC intitulée « Les miracles de Jésus ». Le tournage a eu lieu en partie à Malte. C’est un film dans lequel on a utilisé plusieurs effets spéciaux. Avant cela, j’ai joué le premier rôle dans le dernier film de Abdelkader Lagtâa « Yasmina et les hommes ». J’ai également interprété un rôle dans un court-métrage intitulé : «La chambre A » du réalisateur Rachid Bencheikh. Ce film revient sur le nouveau décret de la Moudawana des droits de l’Homme qui a été adoptée il y a de cela quelques années.

Il y a longtemps que vous n’avez pas réalisé de projets communs avec vos frères et sœur. Les Megri se sont-ils séparés ?
Nous ne nous sommes pas séparés. C’est juste que chacun de nous est plongé dans ses propres préoccupations. Il y a à peine quelques jours, mes frères Hassan et Mahmoud m’ont contacté, on a parlé de certaines choses. Nous avons plusieurs projets en commun, beaucoup d’ambition, mais on n’arrive pas à les concrétiser. Il y a quelques années cela avait fonctionné, mais nous devons être encouragés. Je pense personnellement que ce n’est pas aux artistes de prendre en charge la reconnaissance publique. Les artistes sont là pour créer et non pas pour faire la promotion de leur art.
Maintenant, il faudrait que les médias et la télévision en premier lieu, fassent leur travail. Il faut qu’ils invitent les artistes sur les plateaux de télévision et pourquoi pas organiser des émissions spéciales et dans lesquelles les artistes seront montrés et révélés au public. Il existe énormément d’artistes qui créent et continuent à créer mais face à l’absence d’un véritable système qui les met en valeur, ils se retirent publiquement. Mais cela ne veut pas dire, pour autant, qu’ils battent en retraite. Ils sont plutôt victimes de cette absence d’une véritable promotion des artistes.

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