Il existe des peintres au Maroc qui ont décidé de ne plus montrer leurs oeuvres dans des galeries. Ce n’est pas une coquetterie de leur part, et encore moins un attrait pour les espaces de l’Occident : ils préfèrent s’exporter par faute de galeries professionnelles au Maroc. Une galerie professionnelle est une galerie qui suit le travail d’un peintre, le défend, le soulage de toutes les contraintes matérielles, lui fait un catalogue d’exposition, contacte les revues spécialisées… Combien de galeries font ce travail au Maroc ? Les peintres évoquent encore avec nostalgie le travail de Pauline de Mazières. Le défaut d’une vraie galerie d’art encourage la création d’espaces de substitutions. Au bout du compte, qu’est-ce qu’une galerie d’art au Maroc ? C’est un lieu où on accroche des tableaux. La tâche d’un galeriste s’arrête au fait de montrer des oeuvres vendables.
Il y a tant à dire sur les personnes qui décident un jour d’ouvrir une galerie. La mode actuelle va aux retraités oisifs qui ont un carnet d’adresses rempli, et qui invitent le jour du vernissage toutes leurs connaissances. Il n’y a pas de mal à cela, ce serait même très bien si ces personnes ne vendaient pas des tableaux comme on vend des «patates». Ce serait magnifique si ces personnes pouvaient avoir une lignée claire dans le choix des artistes qu’ils exposent. Mais les choses sont loin d’être ainsi. Ce qui ne laisse guère le choix aux peintres qui ne veulent pas garder leurs peintures dans leurs ateliers. Ils sont obligés de les montrer n’importe où. Un tableau ne vit que parce qu’il est regardé. Les artistes sont de surcroît obligés de vendre pour gagner leur croûte. Le peintre Nabili qui expose actuellement dans un salon de beauté précise qu’il n’existe que des «pseudo-galeries». Au demeurant, il y a tant à dire sur les commissions perçues par les galeristes, parce qu’ils prennent tous une commission avoisinant les 40 %, y compris ceux qui s’en défendent.
Les arts plastiques au Maroc affichent une bonne santé. Cette bonne santé peut se transformer en vitalité le jour où le concept d’une galerie d’art propre à la réalité de marocaine sera réfléchi.