Culture

A la une : Amalgame

On ne demande pas à un journaliste de faire de la « promotion» pour un événement. L’information, domaine du journaliste, est à la promotion, qui relève de la communication, ce que le ciel est à la terre. Deux mondes différents. Si la tâche d’un professionnel de la communication consiste à promouvoir une image de marque, d’une entreprise ou d’une personnalité publique, celle du journaliste, elle, est simplement d’informer.
Le journaliste, historien de l’instant, est guidé par le souci de rendre compte de ce qui se passe dans la société, de livrer les faits, sans chercher à les embellir, alors qu’un professionnel de la communication a pour tâche de travailler l’image d’un produit, avant de le lancer sur le marché. C’est en quelque sorte un travail de publicité qu’il accomplit, il est d’ailleurs payé pour cette opération de « lifting ».
Le journaliste, quant à lui, a un devoir de vérité. Il doit faire attention à ne pas être manipulé, n’ayant d’autre exigence que celle de la véracité des faits. Mais, trop souvent, cela n’est pas entendu de cette oreille. « Si seulement vous nous faisiez de la promotion… ». Il n’y a pas pire insulte que l’on puisse faire à un journaliste. Et pourtant, la formule revient comme un leïtmotiv. Elle confirme une tendance, hélas de plus en plus généralisée, à confondre entre le métier de journaliste et celui de la communication. Si l’un et l’autre sont condamnés à travailler ensemble, à garder les attaches, leur objectif n’est pas le même. Un professionnel de la communication s’évertue à séduire le journaliste, ne lésinant pas sur les moyens pour arriver à ses fins : obtenir une bonne couverture médiatique pour son client. Un journaliste, lui, ne doit pas perdre de vue ce pour quoi il est mandaté : la vérité, sans fards ni rafistolages. Une exigence qui, bien entendu, n’est pas pour plaire. Mais que faire, le métier de journaliste ne consiste pas à tenir le crachoir.
Sa tâche, pour reprendre un principe constitutif du métier, est de «porter la plume à la plaie ». Il n’écrit pas pour faire plaisir, et encore moins pour plaire… Au cas inverse, il aura sacrifié à sa mission de dire la vérité, sachant bien que la vérité n’est pas toujours bonne à dire.
En apportant cette précision, nous espérons avoir contribué à lever un amalgame entretenu dans les esprits, sciemment ou par ignorance.
Avec la présente édition de notre Cahier (voir ci-contre), nous espérons avoir également apporté suffisamment d’éléments pour faire la lumière sur le métier de communication. Un métier, répétons-le, à ne pas confondre avec celui de journaliste.

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