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A la une : Berrechid répond à Al Joundi

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Mohamed Hassan Al Joundi aurait été parfait dans le personnage du « manipulateur manipulé ». C’est ce qui ressort d’une « comédie » qu’il vient de jouer et qui promet de connaître des rebondissements spectaculaires. Son appel au boycott du film «Marock », relayé « soigneusement » par une publication intégriste, ne devrait engager que lui. Abdelkrim Berrechid, pour ne citer que ce pilier du syndicat présidé par M. Al Joundi, a bien voulu faire la mise au point.
Contacté par « ALM », le « père du théâtre festif » au Maroc a rejeté cet appel catégoriquement. « D’abord, explique-t-il, un syndicat de théâtre comme le nôtre n’a pas la compétence de juger d’une création relevant du cinéma ». M. Al Joundi s’est ainsi découvert une vocation jusque-là inédite de critique de cinéma ! Mais passons, sa position est du moins troublante : SG d’un syndicat d’art, il aurait oublié à l’insu de son plein gré que sa mission est d’abord de se ranger aux côtés des artistes, et non l’inverse. Or, en faisant cause commune avec les intégristes contre le film « Marock» de Leïla Marrakchi, non seulement il contredit un principe fondateur de toute action syndicale, lequel consiste à défendre naturellement un artiste, mais il conteste un acquis obtenu, comme l’a si bien dit le cinéaste Saâd Chraïbi (voir les réactions ci-contre), après un long processus de luttes : la liberté d’expression.
La position de M. Al Joundi devient encore plus scandaleuse qu’elle sert la soupe à une corporation islamiste à l’affût de la moindre hésitation, afin d’étouffer toute expression de talent, ou d’idées qui n’obéissent à l’échelle de leurs «valeurs» fossilisées. « Je suis à l’origine de la création du théâtre festif au Maroc et pour ce faire, j’ai fait mien le principe suivant : Théâtre libre pour un citoyen libre dans une société libre », nous dit Abdelkrim Berrechid. Avant d’enfoncer le clou, en disant qu’il ne saurait cautionner un acte liberticide. M. Al Joundi vient de commettre le sien. Et c’est une première que l’on ne peut situer nulle part, sinon dans la poubelle de l’histoire.
Au-delà de cet acte de lèse-liberté, M. Al Joundi a brillé par un manque pathétique d’honnêteté. Secrétaire général d’un syndicat fantoche, « tombé en syncope » (Berrechid), « fabriqué de toutes pièces » (Saâd Chraïbi), il a contourné ses collègues pour faire publier son communiqué, -accointances «idéologiques » obligent, dans un quotidien où les idées extrémistes trouvent un refuge idéal, et qui fait feu de toute velléité d’intelligence.
M. Al Joundi a-t-il mesuré l’impact désastreux que son acte peut avoir sur ses collègues, ceux qui continuent de se battre pour plus de liberté, plus d’ouverture, et donc plus de création ? Est-il conscient que s’il peut aujourd’hui s’exprimer librement, c’est grâce aussi au combat de gens qui l’ont payé de leur vie ? Alors, pourquoi a-t-il commis une sortie pour contester à une artiste un droit sacré : celui de tout simplement s’exprimer ? Paraît-il, M. Al Joundi a la nostalgie du bon vieux temps où les créations circulaient sous le manteau? Une chose est sûre : l’attitude de M. Al Joundi est pour le moins anachronique.
Parce qu’au moment où les langues se délient, où le Maroc se dit ouvertement et pratiquement favorable aux valeurs de démocratie, de liberté, de modernité et de progrès, le voilà qui nous ressort un vieux et mauvais réflexe : museler les langues. C’est là un déphasage inadmissible.

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