Fatema Chahed : on ne s’improvise pas bibliothécaire
Les bibliothèques au Maroc sont mal gérées étant donné que nous ne possédons pas de véritables bibliothécaires au Maroc. Les personnes responsables de ces espaces de lecture et de culture manquent souvent de connaissances. Comment voulez vous qu’une secrétaire ou qu’un enseignant de primaire qui, lui-même lit très peu, puissse gérer une bibliothéque. Pour ce faire, il faut être avoir une formation et être au courant des dernières nouveautés dans le domaine littéraire. C’est toute une stratégie qui consiste à faire la revue des dernières parutions pour être un véritable conseiller. Malheureusement, on remarque que nos bibliothèques ne sont remplies que de vieilleries, puisque tout le travail d’approvisionnement n’est pas effectué. Je pense personnellement qu’il ne faut pas tout justifier avec le manque de moyens. Si on n’a pas de budget suffisant pour fournir la bibliothèque de nouvelles parutions, on pourrait bien faire appel aux éditeurs et aux libraires qui souvent ont des invendus. Ces derniers pourraient offrir quelques exemplaires des nouvelles parutions. Ils le feront avec plaisir étant donné que cela leur fera de la publicité. Les écrivains eux-mêmes, devraient faire un geste de culture en offrant un exemplaire de leurs dernières œuvres aux bibliothèques de leurs choix.
Yassine Adnan : l’industrie du livre mise en cause
Pour qu’il y ait des bibliothèques en bonne et due forme, il faut qu’il y ait une véritable industrie du livre. Or celle-ci n’existe pas dans nos pays arabes. Le livre arabe n’existe pas et la production littéraire de manière générale laisse à désirer. Il n’ y a pas de soutien pour le livre et pour cette même raison, il se trouve en pleine souffrance. La bibliothèque n’est qu’un support pour le livre. Nous ne sommes pas encore arrivés à la situation où la bibliothèque se transforme dans un espace socioculturel. Il faudrait attendre une véritable modernité pour que le changement des mentalités contribue à l’évolution du secteur du livre et à l’amélioration des bibliothèques.
Touria Ikbal : le monde rural est plus avancé
Pour une véritable dynamique des bibliothèques, il faudrait qu’il y ait des manifestations autour des nouvelles sorties du livre. Je pense que les écrivains doivent prendre l’initiative et aller vers l’autre. Le très peu de lectorats qu’on remarque dans notre pays doit être pallié et comblé avec beaucoup d’éfforts. On assiste, en effet, à l’envahissement de l’image. Une hégémonie qui met le secteur du livre dans un certain embarras. Il faudrait pousser le public à lire, car le probléme essentiel réside dans la question de comment les motiver à lire. Ce qui est le plus curieux dans tout cela c’est qu’on remarque que le monde rural a une meilleure politique de lecture. Pour la simple raison que l’analphabétisme pousse ces gens de sortir de cette situation précaire.
Jalal Hakmaoui : il y a un dysfonctionnement culturel
Pour améliorer l’état des bibliothèques, il faut doter le pays d’une véritable politique culturelle. Il y a, en effet, un véritable dysfonctionnement culturel qui existe dans notre pays. Lorsqu’il y a une absence d’une politique culturelle urgente, on ne peut survivre qu’avec des structures étrangères. Il faut créer un véritable partenariat dans une vision culturelle équitable pour encourager la lecture et la création d’espace encourageant la lecture.