ALM : Votre compagnie de ventes aux enchères existe depuis deux ans déjà. Le constat général est que vous manifestez un vif intérêt envers la peinture orientaliste. Pourquoi cet engouement ?
Hicham Daoudi : Certains diront que je privilégie les peintres orientalistes au détriment des artistes contemporains. Mais ce n’est pas vrai, étant donné qu’il nous arrive des fois d’avoir dans nos ventes des peintres contemporains comme Chaibia, Rabii et d’autres noms encore. Par contre, il se trouve que nos clients potentiels préfèrent la peinture orientaliste. C’est ce style qui atteint le pic des ventes chez nous. Ce n’est pas de notre faute si le goût des clients va essentiellement vers la peinture figurative et décorative. Nous sommes obligés de nous plier à ses goûts pour pouvoir exister.
Quels sont vos principaux clients potentiels et comment se passent les contacts généralement ?
Notre clientèle est très variée et nous est très fidèle. Nous avons des acheteurs qui sont très assidus et assistent à toutes nos ventes. Pour ce qui est de la manière avec laquelle nous procédons pour inviter les dépositaires et les acheteurs, nous avons un mailing que nous contactons. On enregistre toutes les personnes intéressées et nous établissons de bonnes relations avec eux. Pour les acheteurs, on leur envoie systématiquement nos catalogues de ventes. C’est ainsi que ça se passe.
Quels sont les problèmes voire les difficultés auxquelles vous êtes confrontés au sein de votre entreprise ?
En général nous n’avons pas de gros soucis. Mais ceci dit, les problèmes qui se posent sont surtout liés à notre difficulté à trouver de la marchandise. C’est un véritable acharnement quotidien, voire une chasse aux objets et aux peintures. Aussi, il y a une autre difficulté que je tiens à mentionner. Il s’agit des œuvres qui doivent parvenir de l’étranger. Pour qu’ils traversent les frontières jusqu’au Maroc, nous devons payer des droits de Douane à cause de certaines lois restrictives imposées par le ministère de la Culture au Maroc. C’est une entrave à notre travail quotidien.
Quel lien entretenez-vous avec les dépositaires et les acheteurs ?
Nos rapports sont excellents. Les dépositaires sont ravis, car ils obtiennent généralement de meilleurs prix de vente par rapport à ce qu’ils trouvent ailleurs. Et les acheteurs sont eux sécurisés grâce à l’apport de certificats d’authenticité fournis par les meilleurs experts internationaux avec lesquels nous travaillons comme Madame Lynne Thornton experte en tableaux orientalistes ainsi que Monsieur Roger Fargues, mais aussi Madame Laure Soustiel experte en Arts islamiques.
Notre compagnie vient aussi en aide aux personnes qui ne connaissent pas très bien la valeur de leurs tableaux. Je peux citer l’exemple d’une personne qui voulait obtenir 250 000 Dirhams pour un tableau de Majorelles. Elle ne savait pas que Majorelle était aussi coté.
Les affaires fonctionnent bien à la CMOOA. Le lecteur peut-il avoir une idée sur votre chiffre d’affaire ?
Pour être franc, nous sommes uniquement des intermédiaires. Nous ne faisons pas des achats, nous procédons plutôt à des mises en dépôt. Nous ne prenons que 14% des ventes. Le chiffre d’affaires ne correspond donc pas à ce que nous vendons.
En tant que gérant d’une maison de ventes aux enchères, comment percevez-vous le marché de l’art au Maroc ?
Je suis très optimiste quant au développement du marché de l’art au Maroc. C’est un marché qui est en train de prendre son envol au Maroc. Il se développe et évolue. Ceci notamment grâce à l’excellent travail de certaines galeries comme la galerie Matisse à Marrakech ou Venise Cadre à Casablanca, qui aident la clientèle à se procurer de belles pièces.
Au-delà des enchères, quels sont vos projets d’avenir ?
Notre compagnie a un rôle de conseil en acquisition. Elle participe à la création de musées avec la participation de plusieurs experts. Nous sommes d’ailleurs en ce moment en train de constituer une collection de musée, qui sera, nous l’espèrons, la plus grande collection jamais réalisée en peinture marocaine et en peinture orientaliste.