Culture

A la une : Festivals, l’imposture intégriste

© D.R

Qui a dit que les intégristes n’aiment pas les festivals ? Il ne se passe presque pas un jour sans qu’ils y pensent, à preuve ces sorties médiatiques qu’ils ont «commises », lors des deux week-ends derniers, à travers une publication proche d’un parti dit « modéré ».
Donc, ce serait injuste de les accuser de ne pas aimer ces festivals de cet amour que le peuple marocain, de Tanger à Lagouira, a témoigné, à chaque circonstance, pour ce genre d’expression culturelle, manifestation de la vie, des valeurs de tolérance et de liberté, et véritable occasion de prise de parole.
Cette belle effervescence qui, depuis six ans, s’est installée au Maroc, permettant aux citoyens, toutes catégories sociales confondues, de se réapproprier l’espace public, ne devait pas se faire sans les intégristes. Autrement, ils se seraient condamnés par eux-mêmes à l’ex-communication.
Alors, disions-nous plus haut, ils se sont récemment fendus de deux articles volumineux, parus successivement lors des week-ends derniers, dans une publication qu’on ne nomme pas (par charité). L’objet concerne la réaction de Mohamed Achâari, publiée dans une interview accordée à ALM, à propos du communiqué du Mouvement Unicité et Réforme (MUR) dans lequel il « égrène » ces soi-disant « vices des festivals urbains ». Remarquez que, d’après rien que ce titre, chapeautant le communiqué, par qui le scandale arrive, tous les festivals sont diabolisés. Et quand le ministre de la Culture estime de sa responsabilité de défendre ces festivals, envers et contre ceux qui veulent voir dans ces festivals, non le moyen de « valoriser notre culture », comme l’a si bien dit M.Achâari, mais un « vecteur de débauche » ( !), les intégristes ont cru bien penser de riposter. « Euh, ce qui est critiqué dans le communiqué,  ce sont uniquement CERTAINS festivals », disent-ils. Or, rien que le titre « Vices des festivals urbains » laisse entendre le contraire.
On vous laisse deviner ce qui était écrit dans le communiqué : un véritable « festival de délires » ! Les festivals sont réduits ni plus ni moins à une manifestation de « déliquescence morale ». Ce qu’ont montré les festivals, révélateur d’un besoin de fête publique longtemps ignoré, traduit par l’accueil enthousiaste et spontané réservé par des dizaines de milliers de Marocains, de quelque âge qu’ils soient, sans oublier l’impact économique de ces festivals, tout cela n’était pas entendu de cette oreille.
Les intégristes ont réduit ces manifestations, occasion pour les Marocains d’exprimer leur maturité sociale et politique, à une simple question morale. Ce qui est simplement une manifestation de la vitalité d’une culture et d’une société est considéré par les forces obscures comme une expression de « perversité ». Et d’établir un diagnostic selon lequel les jeunes Marocains seraient des « obsédés  sexuels », des « alcooliques», des « drogués »… Cette jeunesse, qui a trouvé dans ces festivals un espace d’expression idéal, après avoir été longtemps marginalisée, voire oubliée, a pourtant montré, à chaque occasion de fête, qu’elle est saine et équilibrée. Les Marocains en général, qui ont dû pendant longtemps se contenter de manifestations circonstancielles, pour ne pas dire carrément de commande, en se rendant, dans l’enthousiasme et la discipline, sur les lieux des festivals, ont montré à quel point ils avaient soif de la fête publique.
Cette vérité, bien entendu, n’est pas pour plaire aux obscurantistes qui, dans une tentative désespérée, veulent dénaturer les faits, en érigeant le mensonge en réalité. Car voilà, que faut-il penser en entendant ces intégristes dire que les festivals suscitent de plus en plus le mécontentement populaire, que, -et là c’est la totale-, les artistes, ceux-là mêmes qui sont les premiers bénéficiaires des festivals, sachant bien que ces manifestations leur offrent une occasion précieuse de prendre du service, ne seraient pas non plus contents des « festivals » ?! On aimerait bien savoir ce que pensent les intégristes du chômage des artistes, obligés, à défaut de travail, de tirer le diable par la queue pour subvenir aux besoins pressants de leurs enfants.
En attaquant les festivals, ces intégristes savent-ils qu’ils se dressent contre un principal moyen de survie pour ces artistes ? Que peuvent-ils dire également à ces centaines de milliers d’autres Marocains pour qui les festivals représentent un gagne-pain : du marchand ambulant au bazariste, du vendeur de sandwichs au restaurateur, de celui qui offre de simples loyers à l’hôtelier, à celui qui imprime les flyers au concepteur d’affiches, à cette dizaine de jeunes qui travaillent dans la communication, ou la logistique, pour mettre un peu d’argent de côté… ?
Tout cela, paraît-il, n’intéresserait pas les intégristes. Leur campagne contre les festivals n’a d’autre explication que celle que leur dictent leurs calculs politiciens. C’est simplement irresponsable.

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