ALM : En plus du Moussem des mariages, Imilchil vit, depuis trois ans, au rythme de la musique des cimes. Qu’est-ce qui a d’abord dicté la création de ce festival ?
Youssef Aït Lemkaddem : C’est très simple, il y a trois ans, le Moussem d’Imilchil commençait à s’essouffler. Il avait beaucoup perdu de son importance traditionnelle parce qu’il n’y avait aucun organisme pour faciliter l’accès à ce moussem en offrant un minimum d’encadrement tout au moins sur le terrain. Les gens qui, normalement, devaient venir des villes pour profiter de cette rencontre annuelle étaient généralement très hésitants. L’inconnu leur faisait peur, la route sinueuse des montagnes d’Imilchil aussi. Donc, il a fallu que le Festival de musique des cimes intervienne pour donner un coup de fouet au Moussem des mariages et, du même coup, drainer des centaines de visiteurs citadins mis en confiance parce qu’ils profitaient d’un encadrement et d’une organisation garantie sur place.
Quel rapport existe-t-il entre le Moussem des mariages et le Festival de musique des cimes ? Les deux événements sont-ils complémentaires ?
Le festival est complémentaire avec le moussem des mariages parce qu’il permet, d’une part, la valorisation de la culture autochtone et, de l’autre, son ouverture sur le monde extérieur, sachant que le festival prévoit des volets où sont fournies au visiteur des explications des différentes étapes des mariages traditionnels chez les Aït Hdidou. Le festival contribue substantiellement à la sauvegarde de la tradition de ces mariages en la mettant en valeur mais aussi et surtout en la faisant connaître dans tous ses détails.
A voir le programme de la 3ème édition de votre festival, on se rend compte que vous avez accordé la priorité au volet social. Qu’est-ce qui aurait motivé ce choix ?
Le Centre Tarek Ibn Zyad a toujours eu le souci de participer au développement économique et social de toute la région d’Imilchil. Pour cette 3ème édition, le Centre prévoit, entre autres activités sociales, la mise en place d’une caravane médicale comptant plusieurs spécialistes en médecine et en chirurgie, l’organisation de rencontres visant à sensibiliser à l’intérêt de protéger l’environnement et veiller au respect des règles d’hygiène dans les ménages. Tout cela contribuera peu à peu à développer la région, tout simplement parce qu’on dévoile énormément de manques à combler au niveau des infrastructures vitales : l’électrification comme l’installation du réseau téléphonique devenues quasiment une réalité dans la région d’Imilchil. S’agissant d’eau potable, des promesses ont été émises pour qu’un réseau soit également mis sur pied au profit de la population autochtone. Pour aider les familles à faible revenu, ou encore les femmes rurales, le festival prévoit des ateliers autour de l’importance des micro-crédits. L’objectif escompté de cette action s’inscrit dans le droit fil de la politique du Centre, à savoir que le développement ne peut se faire que de manière participative, c’est-à-dire en impliquant la population autochtone dans toute action de développement de la région.
S’agissant du volet musical, en quoi l’actuelle édition sera-t-elle différente des précédentes ?
Pour cette 3ème édition, le Festival de musique des cimes a gardé le même dosage au niveau de sa programmation artistique en ce sens qu’il a toujours mêlé entre le traditionnel issu des trois grandes régions marocaines : le Rif, le centre et le sud du Royaume.
Cette ouverture sur les différentes régions de notre pays est de nature à conférer au festival une dimension nationale. Conformément aux éditions précédentes, le festival s’ouvre plus globalement sur les tendances musicales internationales.
Programme musical du festival d’Imilchil du 25 au 27 août 2005 |
Jeudi 25 août : 20 heures Françoise Atlan Ahwach Taroudant Boutzmazzought Moyen Atlas Ait Matten Tinjdad Imttawen Rif Folklore de Malaga Vendredi 26 août : 20 heures Samedi 27 août : 10 heures |