ALM : En tant que chercheur, comment qualifiez-vous l’œuvre d’Ibn Khaldoun ?
Abdelkbir Khatibi : Ibn Khaldoun est le fondateur de la sociologie historique avec des cycles. Les penseurs européens étaient connus pour leur théorie linéaire. Ibn Khaldoun se distinguait, quant à lui, par le développement d’une pensée cyclique qui existait surtout dans la Grèce antique. Ibn Khaldoun a été le précurseur de la pensée moderne.
Pensez-vous que ce personnage historique et son œuvre sont toujours d’actualité ?
L’œuvre d’Ibn Khaldoun et plus particulièrement « La Moukkadima » a toujours été d’actualité. Ce penseur a développé des idées de base qui ont été confrontées à la réalité émouvante. Jusqu’à aujourd’hui des écrivains et des chercheurs continuent à produire des ouvrages et des thèses sur cette œuvre.
On remarque que les Occidentaux sont les premiers à avoir donné de l’importance à l’œuvre de ce penseur. Pourquoi à votre avis ?
Les Européens ont en effet découvert l’importance d’Ibn Khaldoun avant les Arabes. C’est grâce à une traduction faite au 19ème siècle que la France allait constituer ses empires. En découvrant sa vision cyclique, les Occidentaux ont vite fait de récupérer sa pensée et d’effectuer des recherches sur son œuvre. Les Arabes ont découvert Ibn Khaldoun beaucoup plus tard mais ce n’est pas systématiquement négatif. Je pense personnellement que la pensée est un patrimoine mondial et elle appartient à la civilisation mondiale.