Culture

A la une : Le film, en attendant le Maghreb

© D.R

Le message est on ne peut plus clair. Le train de l’UMA, non seulement a pris du retard, mais il est resté en panne. Bien sûr, le politicien s’est révélé être un mauvais « mécanicien ». A vrai dire, c’est ce politicien qui est à l’origine de la panne. Les « passagers », qui sont les peuples du Maghreb, le savent. Simplement, ils ne sont pas aux leviers de commandes. Que faire alors pour sortir de la quadrature du cercle ? Les intellectuels, la conscience vive des peuples, sont capables de faire le contre-poids face à des politiciens, qu’on se passe de désigner, qui ont fait preuve d’une pathétique incohérence. En bref, ces intellectuels veulent, maintenant plus que jamais, court-circuiter le politique en décidant d’apporter leur pierre à l’édifice de ce Maghreb, appelé des vœux et luttes de tous les peuples de la région. Oujda, ville qui,  par son histoire, a constitué une base-arrière de la lutte des pays maghrébins pour leur indépendance, donne le ton de cette action pour l’édification de ce Maghreb uni. La capitale de l’Oriental accueillera, à partir du 18 juillet courant, le 1er Festival du film maghrébin. Une initiative extrêmement importante, dans la mesure où, d’un point de vue cinématographique, elle vient combler un grand vide, sachant que les réalisateurs maghrébins sont restés les orphelins de la dynamique que connaît l’Afrique en la matière. « Le continent africain compte plusieurs festivals à connotations géographiques : africain, arabe, arabo-africain, méditerranéen, subsaharien, mais l’entité maghrébine ne jouit pas encore de ce privilège », nous dit le directeur de ce festival, Jamaleddine Dkhissi.
L’absence d’une manifestation, comme celle qui vient d’être créée à Oujda, était d’autant moins compréhensible que les cinéastes marocains, algériens, tunisiens, et à moindre échelle libyens et mauritaniens, ont réussi, du moins ces dernières années, une percée qui n’a pas laissé indifférent. On en veut pour preuve, entre autres films à succès, les deux longs-métrages algériens « Inchallah Dimanche» pour lequel Yasmina Benguigui a reçu le grand Prix du 1er Festival international du film de Marrakech (FIFM), et « Bab El Oued City », témoignage incisif contre la barbarie des intégristes algériens qui voulaient « combattre par l’épée ceux qui combattent par la plume ». « La saison des hommes », réalisé par la cinéaste tunisienne Moufida Tlatli, avait séduit un Festival de Cannes jusque-là resté le monopole des cinéastes les plus illustres au monde, sans oublier « Les Silences du palais », l’autre film de Tlatli qui a fait beaucoup parler de lui. Le cinéma marocain, dont le taux de production est le plus élevé dans le Maghreb, a réussi pour sa part à forcer les portes des festivals les plus prestigieux au monde : Cannes, San Sebastian, Venise, Montréal, Fespaco, Carthage, Alexandrie… Salué à l’étranger, ce cinéma était en mal de reconnaissance dans sa sphère d’origine : le Maghreb. Le Festival, qui vient d’être créé à Oujda, au-delà de cette reconnaissance retrouvée, entend injecter un nouveau souffle à la production et à la diffusion du film maghrébin. Il a le mérite, un de plus, de créer un espace de rencontre entre des cinéastes qui, en l’absence d’une véritable politique de rapprochement maghrébo-maghrébin, en étaient réduits à travailler en vases clos. Pire, la diffusion de leurs films même dans la sphère maghrébine est restée en-deça des attentes.
Le Festival du film maghrébin d’Oujda, placé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, au-delà de ses enjeux éminemment culturels, revêt une signification politique majeure.
Le Maroc réaffirme sa détermination à aller de l’avant dans l’édification maghrébine, un choix stratégique pour tous les pays du Maghreb appelés, aujourd’hui plus que tout autre temps, à se constituer en bloc pour faire face aux défis de la mondialisation.

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