Culture

A la une : Livres-jetables

La chanson, on la connaît. Tellement qu’on finit, sinon par s’ennuyer, alors par se révolter. En clair, si l’écrivain est réduit à prêcher dans le désert, c’est que, à quelques proportions gardées, il n’a eu de cesse de brasser du vent. Parlons vrai, ce lecteur a lui aussi le droit d’exiger un bon livre. Un bon « produit », pour rester dans le jargon de cette belle époque-marketing.
Or voilà, les « livres » qui meublent les rayons de nos librairies valent-ils d’être lus ? Circulez, il n’y a rien.
A part des montagnes de navets ! Ici, on parle d’ « autobiographie » alors qu’il ne s’agit que de déballage de sentiments à l’eau-de-rose ; là, de « poésie », alors qu’il n’est question que de « mots croisés » ; ailleurs, de « nouvelles » alors qu’il ne retourne que de racontars grossiers. Le lecteur maudit en a assez de tenir le crachoir. Et d’avoir à supporter le délire élevé au rang d’imagination, le bavardage servi à longueur de phrase, l’abstraction faite mode de réflexion, tellement le vide règne. L’éditeur, pour sa part, n’en a cure. Pas plus que le distributeur, le libraire, et tout. Tant que ça pisse de la copie, pas de problème. Les rotatives tournent à fond la caisse, au point d’avoir battu des records. Le Maroc se retrouve maintenant avec une production éditoriale qui surpasserait, en chiffres, même celle de pays arabes pourtant de grande tradition éditoriale (Egypte, Syrie, Liban). D’aucuns auront vu dans cette pléthore de livres un
« indicateur » de la bonne santé de notre marché éditorial, plus encore un « signe » de l’épanouissement littéraire dans notre pays.
La quantité devrait-elle nous cacher cette vérité pourtant évidente : le niveau du livre marocain reste en deça de la moyenne. Quels livres auront alors suscité une polémique, ou un débat de société ?
Et pourtant, la matière est là. Notre pays regorge de contradictions, d’inégalités, etc. L’actualité bruit de faits, dans la rue, sur les terrasses de café, ou dans les institutions, privées ou publiques. Une source d’inspiration abondante. Il suffit d’ouvrir bien les yeux.
Or, ce n’est, hélas, pas le cas.  Evidemment, il y a l’exception. Un Abdellah Laroui, à titre illustratif, se défend bien. Si cet auteur est fort sollicité, c’est parce que ses livres restent en prise sur la réalité. Notre réalité. 
Simplement, pour reprendre un cliché, l’exception ne fait pas la règle. Plus encore, compte tenu de la déferlante de médiocrité qui nous cerne, des tonnes de navets qui se ramassent à la pelle, cette exception risque d’être noyée. Au détriment d’un lecteur qui, en désespoir de cause, finit par chercher ailleurs. On comprend pourquoi des Hugo, par exemple, continent de caracoler au hit des ventes.
Alors, vivement ailleurs…

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