Culture

A la une : Lotfi : « La production télé doit être réglementée »

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ALM : En tant que professionnel, quel regard portez-vous sur le secteur de la production télévisuelle ?
Mohamed Lotfi : Mon regard est positif. Je pense que ce secteur connaît aujourd’hui une nette évolution.
C’est un secteur qui commence à se structurer petit à petit. En effet ce n’était pas normal que nos deux chaînes de télévision continuent à diffuser des productions étrangères au détriment de la production nationale.
Ceci tout en sachant que les spectateurs marocains sont assoiffés de voir des productions qui leur ressemblent. Avec la naissance de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), les cahiers des charges de nos deux chaînes de télévision ont été rectifiés. Ainsi, la télévision nationale donne plus d’importance aux productions nationales. A titre d’exemple, 2M a produit cette année un total de quinze téléfilms. Cela traduit une véritable volonté politique pour développer ce secteur.

Certains artistes critiquent toutefois la décision des chaînes quand elles favorisent certains réalisateurs au profit d’autres. Qu’en pensez-vous ?
Nos deux chaînes de télévision se sont rendu compte à un certain moment qu’il ne fallait pas qu’elles refusent des projets.
Elles ont donc ouvert les portes à tous ceux qui étaient désireux de réaliser des téléfilms ou toutes sortes de productions télévisuelles.  Par la suite, on a constaté que les mêmes personnes revenaient, et pas forcément avec des œuvres de qualité.

Qu’est-ce qu’il faudrait faire, selon vous, pour régler ce problème ?
C’est simple. Pour mettre fin au cafouillage et fermer la porte aux intrus, il faudrait réorganiser ce secteur. La solution passerait par l’établissement de critères de sélection rigoureux et transparents. Il y a un certain temps, j’avais moi-même proposé à la seconde chaîne de télévision de mettre en place une Commission transparente avec des professionnels du secteur. J’avais proposé de définir d’abord toutes les sortes de productions et d’attribuer une fourchette de prix. C’est une technique qui est adoptée par le Centre cinématographique marocain (CCM). La télévision devrait faire de même. C’est la seule manière de mettre fin à l’anarchie et d’instaurer une certaine transparence.

Où en est arrivé ce projet de Commission ?
En fait, nous devions discuter avec les responsables de la chaîne, mais nous n’avons pas reçu de réponse jusqu’à présent. On espère que ce projet pourrait aboutir puisqu’il y va de la réorganisation du domaine de la production au Maroc. C’est comme cela que ça se passe ailleurs, où le choix des producteurs se fait sur la base du mérite.

Quelles sont les autres difficultés liées au secteur ?
Les tarifs fixés à la production télévisuelle sont très bas. Il faudrait revoir les prix.
A titre d’anecdote, j’avais participé l’année dernière à une rencontre à l’Institut français de Marrakech entre les réalisateurs étrangers et ceux marocains. Lorsque les réalisateurs français ont entendu qu’un téléfilm est réalisé uniquement avec 800.000DH, ils étaient ahuris, ils n’arrivaient pas à en croire leurs oreilles.
Ils ont déclaré qu’en France, il fallait tripler la somme pour réaliser une telle production. C’est pour cette raison que personnellement je considère que tout film marocain, avec tous les défauts, est un miracle.

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