Culture

A la une : Mais où est le théâtre romain ?

Détrompons-nous, il y a encore un chaînon manquant sans lequel Volubilis n’aurait pas acquis sa véritable dimension : le théâtre romain. Où est-il alors passé ? Peut-on admettre l’absence de théâtre dans la vie romaine ? Ce serait faire preuve d’une affligeante cécité que de l’admettre.
Partout où les Romains ont laissé des traces, la présence du légendaire hémicycle est une évidence. Il suffit de jeter un coup d’œil sur Carthage, situé près de Tunis, ou encore Sabratha, près de Tripoli, pour se rendre à cette évidence. Ce sont d’ailleurs là des sites qui n’ont pas la même dimension que celui de Volubilis, en termes non seulement de superficie mais aussi des ressources historiques disponibles sur le site avoisinant Moulay Driss Zerhoun. Un véritable monument/document sur une part de l’histoire de l’empire romain, pour qui Volubilis incarna un centre de rayonnement prestigieux.
La découverte du théâtre romain sur le site serait d’autant plus déterminante qu’elle permettra, d’une part de faire la lumière sur le volet artistique de Romains pour qui la vie était un théâtre, sachant que, à l’instar des anciens Grecs, le théâtre leur permit de porter sur scène leurs préoccupations quotidiennes : vie des champs, divertissement, rituels liturgiques, gestion des affaires publiques… D’autre part, la découverte de ce théâtre permettra au Festival de Volubilis de se doter d’un espace crucial à son succès, autant que l’est Carthage pour le festival qui porte le même nom. D’ailleurs, l’absence de cet espace pose aux organisateurs plusieurs problèmes, notamment après le décentrement vers l’extérieur de l’estrade que l’on montait devant la porte Caracalla, sur le conseil d’experts en archéologie qui craignaient que les coups de marteaux, ajoutés au public qui se rendait sur place, n’aient des conséquences destructrices sur le site.
C’est la raison pour laquelle la scène sur laquelle se déroule le festival est montée, depuis l’an dernier, à l’entrée du site. Mais là encore, ceux qui ont assisté à la précédente édition du Festival auront remarqué que l’endroit sur lequel on a arboré la scène n’était pas convenable, les spectateurs ne pouvant voir la scène confortablement.
La nécessité se fait ainsi jour d’entreprendre des fouilles archéologiques pour exhumer le théâtre romain, sa présence ne saurait être démentie sans démentir la présence même des Romains dans le Maroc d’hier. La découverte de ce théâtre livrera une clé, une de plus, il est vrai, mais ô combien nécessaire, pour entrer dans le secret des dieux romains. Un nouveau champ de travail sera alors ouvert pour anthropologues, ethnologues, historiens et autres chercheurs. Par cette découverte, le Maroc enrichira son image et confirmera sa vocation de pays de grande tradition civilisationnelle. Ce sera une autre preuve de sa réputation de terre de rencontres, de carrefour où se croisèrent plusieurs civilisations : phénicienne, romaine, arabo-andalouse, chrétienne, juive…
Il est temps, il était grand temps que le Maroc promeuve la recherche archéologique. Parce que ce secteur-clef est en mesure de faire connaître aux Marocains leur histoire, qu’ils sont d’abord, pour savoir ce qu’ils veulent. Mais, hélas, il semble que l’archéologie, entre autres sciences humaines, reste le secret le mieux gardé au Maroc. Toujours est-il qu’il faut attendre que des spécialistes viennent d’autres cieux pour lancer des fouilles sur des sites restés en friche.
Courage, dormons…

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