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Lorca poète, Lorca dramaturge, Lorca musicien… Que faut-il encore dire que l’on n’ait pas dit sur Lorca ? Rien peut-être, sauf l’essentiel. Car Lorca se serait bien passé du statut du « bon écrivain » dont certains se sont acharnés à l’affubler. Il s’en serait passé comme de son premier vers, de sa première didascalie, ou phrasé musical. Lorca n’aurait sans doute pas mangé de ce pain-là, ni du pain de ses biographes. Lorca, le vrai Lorca, ne figure pas dans les récits « fictifs » de ces biographes-là, et moins encore dans « l’histoire officielle » de l’Espagne. Dire que Lorca, le vrai, embarrasse cette Espagne, qui avait dressé des échafauds pour ses intellectuels, la « génération  98 » s’entend. Lorca y appartenait.
Né en 1898, c’est naturellement qu’il rejoint ce mouvement intellectuel qui, à partir des années trente, descendit dans les rues pour dire « Non » (avec un grand N) au régime fasciste du général Franco. Lorca l’eut dit, et écrit, comme en témoigne l’excellente pièce « Yerma » où il décrit une Espagne sous les traits d’une femme ménopausée, stérile, voire en décrépitude. Témoignage aussi significatif qu’accablant contre l’Espagne du mégalomane, rodé et érodé par tant d’années de dictature.
Le facho n’aurait pu imaginer que le pire, pour riposter à un intellectuel dont le « délit » est d’avoir simplement dit « Non » à la répression, dont le « tort » est d’avoir seulement voulu témoigner contre la dérive anarcho-policière, manifester tout naturellement un désir de prise de parole, d’affranchissement, de liberté. La bête galonnée ne l’a pas entendu de cette oreille, qui combat par les armes celui qui a voulu combattre par la plume. Y a-t-il des mots pour dire jusqu où peut mener la lâcheté ? Le 18 août 1936 à Viznar, située à Grenade où l’intellectuel vit le jour, il sera fusillé à plat-ventre par les barbouzes du dictateur.
Lorca fut bel et bel assassiné, nous devons à Lorca sa propre vie. Comme à tous ceux, de quelque côté qu’ils furent, qui sont morts pour leur liberté. Notre liberté. Averroes (philosophe), Al Hallaj (soufi), Rachid Mimouni (écrivain), Lounès Matoub (chanteur), Victor Jara (compositeur), sans oublier ceux qui ont fui les dictateurs qui gouvernaient leurs pays avec une poigne de fer : Pablo Neruda (Chili), Wole Soyinka (Nigeria), entre autres, ou encore ceux qui y sont restés à leurs risques et périls ; les frères Mann, Heinrich et Thomas, qui ont osé tenir tête au Führer Hitler, offrent ici un exemple très significatif du noble combat que peut mener un intellectuel. Lorca a mené le sien, il l’a payé de sa vie. Et c’est tant mieux si cela devait lui permettre de figurer parmi le panthéon des martyrs de la liberté. Il est temps, il était temps de réparer l’injustice. 
C’est dans cet esprit que s’inscrit le Festival « Théâtre et cultures » de Casablanca qui, en dédiant sa première édition à Federico Garcia Lorca, compte rendre justice à une figure mythique du combat pour la liberté.
A tout seigneur, tout honneur.

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