Culture

A la une : Théâtre : les sous et les dessous

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Cinq ans se sont écoulés depuis la création du Fonds d’aide au théâtre. Créé par le ministère de la Culture, ce Fonds était censé insuffler une nouvelle dynamique à la création théâtrale. A-t-il atteint cet objectif ? Les avis sont divisés. Pour les partisans, le nombre des productions théâtrales a nettement progressé. Au total, une vingtaine de créations sont subventionnées chaque année. L’enveloppe, octroyée à chaque spectacle, est certes insuffisante, sachant qu’elle se situe généralement autour des 150.000 dirhams, mais mieux vaut cela que rien. Et puis, contrairement au passé, où l’aide publique au théâtre était octroyée en dessous de table, il y a aujourd’hui des règles de transparence bien définis.
La Commission nationale du Fonds d’aide, composée de 6 membres représentant le ministère de la Culture et de 6 autres membres représentant le Syndicat national des professionnels de théâtre (SNPT), se porte garante de cette transparence. A chaque début de saison, cette commission se réunit pour étudier les dossiers déposés, par les troupes désireuses de bénéficier des subventions, au Service du théâtre situé à la Direction des Arts (ministère de la Culture). S’ensuit un travail de suivi qui s’effectue sur plusieurs étapes (voir les spectacles pour vérifier s’ils correspondent ou non au cahier des charges).
Récapitulons : augmentation du nombre de productions théâtrales, ce qui veut dire encouragement de la créativité, garantie de la transparence présidant à l’octroi des subventions, personnifiée par la composition de la Commission veillant à cette tâche … Ce sont là les arguments avancés par les partisans de la politique d’aide au théâtre.
Maintenant, qu’en pensent les contradicteurs ?
Pour ces derniers, la politique d’aide est loin d’avoir impulsé au théâtre cet esprit de créativité, voire d’émulation souhaitée. Si les opposants admettent que le nombre des productions a bel et bien augmenté, pour eux le niveau et la qualité du produit laissent beaucoup à désirer. Un constat, il est vrai, d’autant plus judicieux que sur le total des spectacles subventionnés, ceux de qualité se font rares. Simplement, cela est dû moins à la politique d’aide qu’à l’attitude des troupes elles-mêmes. Nombre de ces troupes pensent à tort que l’aide au théâtre reste une forme d’« assistance sociale ». D’où il ressort que ces troupes opèrent des coupes dans les subventions allouées à des fins d’ordre strictement personnel, alors que l’argent public doit naturellement bénéficier au théâtre.
Toujours selon les contradicteurs, la majorité des troupes s’évertuent à présenter des dossiers bien finis mais, après l’obtention de l’aval de la Commission du Fonds d’aide, ils « concoctent » des spectacles-sandwichs ne correspondant nullement à leurs engagements préliminaires.
Seulement voilà, la Commission nationale du Fonds d’aide au théâtre a la latitude d’exiger des troupes de refaire le spectacle en cas de déviation des engagements contenus dans le dossier de candidature.
Une chose, cela étant, est sûre. Si la politique d’aide est entachée de certains défauts, il n’en reste pas moins qu’elle a permis au théâtre marocain de s’épanouir. On pense particulièrement à l’émergence d’une nouvelle tendance sur la scène marocaine : le théâtre expérimental incarné par les jeunes lauréats de l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (Isadac). A l’opposé du vieux théâtre, dominé par le bavardage, les jeunes, encouragés par la politique d’aide au théâtre, ont donné naissance à un théâtre où les nouvelles techniques dramatiques sont utilisées à bon escient. Moins portés sur le discours, ces jeunes, en favorisant un théâtre plutôt visuel, offrent une belle alternative à l’art dramatique marocain.

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