Culture

A la une : Voyage au coeur du business des mariages

© D.R

Combien coûte une soirée de noces ? A quel prix pourriez-vous amener un restaurateur, caméraman, photographe, « negafa », groupe de musique et autres « amuseurs »? Une chose est certaine : il n’y a pas de barème. Mais attention, les prix varient en fonction de votre statut social, du lieu de votre résidence et selon la période où vous voudriez organiser votre fête. Conseil : si en début de négociation vous êtes interrogé sur l’emplacement de votre quartier de résidence, ne le dites qu’après avoir connu le prix. Autrement, vous risquez de voir monnayer votre demande à un prix faramineux. Si, par exemple, vous dites que votre fête va se dérouler dans une salle chic d’un hôtel 5 étoiles, dont le prix de location se situerait aux environs de 3 millions de centimes, votre interlocuteur vous fera payer cette «imprudence » à prix d’or. En cas de litige, vous ne pourriez réclamer le retour de votre argent, d’autant plus qu’il n’y a encore pas de « statut » qui réglemente le secteur. Les « arrangements » se font oralement, aucun papier (facture, reçu, etc) ne vous est délivré parce que tout simplement les prestateurs de services, en tout cas la plupart d’entre eux, n’ont pas de local et donc pas de numéro de patente, ils ne sont «joignables » que sur leur portable. Aucune preuve matérielle ne peut donc être retenue contre eux, ce qui laisse la porte grande ouverte à toutes sortes d’abus. Profitant d’une situation de non-loi, la naïveté de certains clients aidant, plusieurs « intrus » sont parvenus à s’enrichir considérablement. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. O.A, présupposé à ses premières heures à ramasser les instruments de musique à la fin de la fête, a créé son propre orchestre. Encouragé par le vide juridique et la non-soumission aux règlements du Fisc, il est parvenu à s’enrichir aussi rapidement que facilement. Alors qu’il circulait à bicyclette, il roule maintenant en « Jaguar » dernier cri. Grand bien lui fasse, seulement voilà : n’est-il pas redevable à l’Etat, à l’instar de tous les contribuables ? S’agissant de photographie, les clients sont trop souvent arnaqués par des «intrus ». Il suffit d’avoir un appareil-photo pour s’improviser «photographe professionnel » ( !). Après le tirage des clichés, le client est surpris de constater que les photos ou les films-vidéo sont mal cadrés, quand ils ne sont pas carrément flous ! Une situation qui profite aux « photographes » auto-désignés, mais qui pénalise lourdement ceux qui ont pris la peine d’apprendre la profession, de travailler avec des appareils professionnels qui coûtent cher (une caméra numérique Sony DV Com coûterait dans les 100.000 dirhams, alors que d’autres appareils utilisés coûteraient entre 3. 000 et 7. 000 dirhams). En ce qui concerne les traiteurs, là encore l’anarchie sévit. Profitant de l’absence de barème, ils proposent leurs services à des prix plus ou moins inabordables. Les arguments qu’ils avancent sont presque les mêmes : qualité des chaises, des tables, des assiettes, des nappes… Le menu aussi est pris en considération dans la négociation des prix : saumon, méchoui farci avec dessert et gâteau glacé coûtent très cher. Tous comptes faits, une table peut coûter entre 2500 et 3000 dirhams, ou, dans le cas des méga-fêtes, entre 5000 et 6000 dirhams. Imaginez combien il peut y avoir de tables dans une salle de fête. On vous laisse deviner le prix. Ce que perçoit un traiteur en l’espace d’une soirée peut égaler le salaire mensuel d’un ministre ! Côté animation, les dérives sont également nombreuses. Les prix varient selon les villes, les quartiers de résidence aussi. Un même groupe peut travailler en contrepartie d’une somme allant de 5.000 à 6.000 dirhams à Fès, alors qu’à Casablanca le prix peut s’élever à 35.000 dirhams ( !). Certains chanteurs cotés sur le marché peuvent demander jusqu’à 50.000 dirhams. D’autres, sollicités par la communauté marocaine et plus globalement maghrébine à l’étranger, peuvent réclamer jusqu’à 4.000 euros. On pense particulièrement aux vedettes de la chanson « chaâbi», Daoudi et Senhaji entre autres. D’autres « ambianceurs », moins lotis ceux-là, touchent jusqu’à 3.000 dirhams.
Il s’agit des troupes d’Abidat R’ma, Aïssawa, et autre Dakka marrakchia. Une bonne part du pactole revient au chef du groupe, les « miettes » sont partagées entre les présupposés à l’animation qui sont trop souvent des jeunes exploités.
La « rémunération » ne dépasse pas les 70 dirhams pour chacun! Il en va de même pour « tanegafite ». Une « negafa » peut toucher jusqu’à 25.000 dirhams ; aussi élevée que soit ce prix, il ne profite pas aux jeunes filles et garçons employés et exploités à fond.
De ces chiffres, il ressort que l’argent rapporté par les fêtes est considérable.
La « légalité » de cet argent est d’autant plus contestée qu’il ne souscrit pas au contrôle du Fisc. L’absence d’un « statut » déteint négativement sur le fonctionnement d’un secteur livré à l’anarchie. Il est donc temps de réfléchir sérieusement sur les moyens de le réglementer.

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