L’artiste franco-marocaine Randa Maroufi dévoile une exposition itinérante autour de l’égalité femmes/hommes dans l’espace public à l’Institut des cultures d’Islam (ICI) à Paris. Elle invite des femmes à emprunter les mêmes postures, les mêmes gestes que les hommes ordinairement présents sur ces lieux.
Ses recherches se situent entre le reportage, le cinéma et l’étude sociologique. Elle développe des problématiques liées à la transition, à la surveillance, au réveil et à l’affranchissement. Il s’agit bien de l’artiste franco-marocaine Randa Maroufi. Elle propose cette fois-ci une exposition itinérante autour de l’égalité femmes/hommes dans l’espace public à l’Institut des cultures d’Islam (ICI). Elle présente ainsi une série photographique intitulée «Les Intruses», montrant des scènes quotidiennes dans les rues, les squares et les commerces.
Il faut dire que l’artiste crée des fictions à partir de situations concrètes. Pour cette série elle est allée à la rencontre des personnes habitant et fréquentant le quartier de Barbès-Rochechouart dans le 18ème arrondissement parisien. Le temps d’une mise en scène, elle invite des femmes à emprunter les mêmes postures, les mêmes gestes que les hommes ordinairement présents sur ces lieux. Elles jouent aux échecs, travaillent, se rencontrent, attendent, observent.
Par cette inversion, Randa Maroufi pointe les inégalités de genre qui existent dans l’occupation de l’espace public, les déplacements dans la ville, l’utilisation des infrastructures de loisirs et de sport… En nommant ce projet «Les Intruses», elle suscite une prise de conscience sur les représentations archétypales. «Ce projet vient avant tout interroger le partage de l’espace commun entre les genres. Au-delà d’une dénonciation, il s’agit d’un acte où les perceptions basculent, l’espace public se recompose afin de réintroduire la question de la mixité», explique l’artiste.
En effet, le volet Barbès de la série a été produit par l’ICI avec le soutien du fonds de dotation Emerige, dans le cadre de l’appel à projet Embellir Paris initié par la ville de Paris. De l’été 2019 à l’hiver 2021, 22 photographies ont été présentées en grand format sous le métro aérien et sur les façades alentour, entre les stations Barbès-Rochechouart et La Chapelle.
Pour cette version itinérante, le contexte urbain des cinq photographies sélectionnées par l’artiste est souligné avec des matériaux et des supports empruntés à l’univers des travaux et de la construction, évoquant aussi un chantier social encore inachevé. Ils contrastent avec les rideaux qui jouent avec les notions d’intérieur et d’extérieur.
A propos de l’artiste
Parcours Née en 1987 à Casablanca, Randa Maroufi vit et travaille à Paris. Elle est diplômée de l’Institut national des beaux-arts de Tétouan (2010), de l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Angers, France (2013) ainsi que du Fresnoy – Studio national des arts contemporains, Tourcoing, France (2015). Elle était membre artiste de l’Académie de France à Madrid – la Casa de Velázquez en 2017-2018. L’artiste s’intéresse à la mise en scène des corps dans l’espace public ou intime. Une démarche souvent politique, qui revendique l’ambigüité pour questionner le statut des images et les limites de la représentation. Elle a présenté de nombreuses expositions à travers le monde, notamment à Sharjah Art Foundation (Emirats Arabes Units), MA Museum (Québec), Biennale de Dakar (Sénégal), Porto Alegre (Brésil), Fondation Boghossian (Bruxelles), Biennale de Sharjah, Centre Pompidou (Paris). De même, elle a exposé à International Film Festival Rotterdam (Pays-Bas), les Rencontres de la photographie, Bamako, Mali, la Biennale de Marrakech, etc. L’artiste a reçu plusieurs prix pour ses films «Le Park» et «Bab Sebta».
