Après «Messaouda», publié en 1983, l’écrivain marocain Abdelhak Serhane renoue avec le récit dans son sixième et dernier roman «L’homme qui descend des montagnes». Une publication parue aux Editions du Seuil et présentée le 16 décembre à Rabat dans le cadre des sessions «Vivement vendredi» animées par Amina Achour et Assia Belhabib. «Un roman où je suis plus acerbe et violent», a-t-il déclaré lors de ce rendez-vous littéraire. Une publication qui parle d’un père tyrannique ayant refusé de considérer l’école comme voie d’apprentissage. «Ce livre a été un règlement de comptes avec mon père qui estimait que l’école était une perte de temps. Un regard qu’il a changé quand j’ai réussi au baccalauréat», a confié Abdelhak Serhane. Ce n’était pas seulement le père de cet auteur qui était castrateur, mais d’autres membres de sa famille, y compris sa mère, l’étaient aussi. Cependant, Abdelhak Serhane n’a pas manqué de dédier son roman à celle-ci. «Ce livre est en quelque sorte un hommage à ma mère. Nos relations étaient imprégnées d’amour mais elles étaient lointaines et parfois conflictuelles. J’ai voulu me rattraper à travers cette publication. Alors j’ai revisité mon histoire», évoque-t-il. Et de préciser: «Il ne s’agit pas d’une autobiographie à cent pour cent, il y a toute une fiction qui se greffe au récit». A son tour, la grand-mère a eu le mérite de paraître dans «L’homme qui descend des montagnes». «Du moment qu’il n’y avait pas de télé à l’époque, ma grand-mère nous racontait des histoires chaque soir. D’ailleurs l’un de ses contes a fait l’objet d’une publication», se remémore cet auteur né à Azrou. Abdelhak Serhane évoque aussi dans le roman un voyage qui l’a vivement marqué. «Je devais me cacher sous la djellaba de ma mère parce que je n’avais pas de billet. En ce moment-là, j’ai compris le poids de l’inégalité sociale», explique-t-il. Une disparité que l’auteur a également critiquée dans des articles de presse et lettres dont celle dernièrement adressée à Abdelilah Benkirane, désigné chef de gouvernement. Par ailleurs, Abdelhak Serhane a déclaré être violent même en poésie. «Je garde cette violence en moi, c’est le moteur et la richesse de cette écriture qui a été une thérapie et qui m’a sauvé», a-t-il conclu.