Culture

Abderazak Benchaâbane sur les traces du parfum

Abderazak Benchaâbane est un amoureux de la nature. Le fondateur du premier festival des jardins, prévu pour se tenir en avril prochain, cultive une passion totale pour le monde végétal dans toute sa diversité.
Depuis sa tendre enfance, il baigne dans un univers de plantes aromatiques. Sa mère exerçait la phytothérapie. Elle avait pour habitude d’acheter toutes sortes d’herbes chez l’herboriste du quartier à Marrakech et en préparait des potions bénéfiques qu’elle administrait à ses patientes.
«J’ai grandi dans cette atmosphère où les plantes aromatiques dégageaient des senteurs exaltantes», se rappelle Abderazzak Benchaâbane. Ce souvenir d’enfance sera décisif dans le choix de son cursus universitaire. Son baccalauréat en poche, il choisit donc d’étudier l’écologie végétale à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech.
En 1995, il décroche son doctorat en plantes aromatiques et médicinales. En sa qualité de spécialiste de l’écologie végétale, Abderazak Benchaâbane commence à enseigner son art à des étudiants qui ont choisi la même voie que lui. En parallèle, il crée un atelier dans sa maison à Marrakech et commence à concocter des parfums à base des plantes de son pays natal. Le bois de santal, la fleur de bigaradier, la fleur d’oranger sont ses essences de prédilection. Cet engagement dans l’univers de la parfumerie, Abderazak Benchaâbane le doit à l’un de ses professeurs: «Lorsque j’étais étudiant, un professeur nous avait enseigné un jour qu’il fallait reconnaître les plantes en fermant les yeux».
A l’époque, le jeune apprenant n’avait pas saisi toute la portée de cette recommandation. Il avait du mal à se faire à lidée. Pour lui et ses autres collègues, il fallait absolument voir les plantes pour les reconnaître et les classifier. «Mais il a suffi d’essayer pour me rendre à l’évidence : on peut en effet reconnaître les plantes en se servant tout simplement de son nez». C’est le déclic.
Abderazak Benchaâbane découvre ainsi le grand livre de la nature dans toute sa splendeur. C’est alors que cet amoureux de la nature et de ses senteurs se lance dans la création de parfums. Il monte un atelier dans son jardin et se met à l’œuvre.  Pour arriver à ses fins et obtenir les parfums esquissés par son imagination, il combine l’art et la technique. Il crée plusieurs marques et les regroupe dans une gamme intitulée «Les parfums du Soleil». En matière de commercialisation, le botaniste se montre plutôt sélectif : «J’ai choisi de mettre en vente mes parfums dans des endroits luxueux». De ce fait, ses parfums s’adressent généralement à une clientèle étrangère dans la mesure où, explique-t-il, «les Marocains ont tendance à rejeter les marques locales aux profit des griffes étrangères».
En plus d’être botaniste, parfumeur et directeur d’une revue spécialisée, Abderazzak Benchaaâbane est un amoureux de la terre dans sa diversité. C’est ainsi que pour enrichir sa culture des fleurs et des plantes, il multiplie les voyages à l’étranger : les pays d’Orient, d’Amérique latine et d’Afrique n’ont plus de secrets pour lui. Mais il déclare avec conviction que le pays qui l’a le plus impressionné en matière de senteurs, c’est la terre où il a grandi : le Maroc. «Je n’exagère pas, proteste-t-il, comme habitué à ce qu’on ne le croit pas lorsqu’il affirme cela : je crois sincèrement que notre univers olfactif est très riche».
Et sa fleur préférée ? «La rose, tout simplement! Je ne connais pas un parfumeur au monde qui n’aie pas de faible pour la rose de Damas qui se cultive à Kelaat M’gouna dans la région de Ouarzazate».
La nature semble avoir doté Abderazak Benchaâbane d’une sensibilité extrême, qu’il prend soin de préserver et d’entretenir chaque jour que Dieu fait, en bon jardinier. Il cultive également, mais sans artifices ni affectation, une mystérieuse élégance d’un romantisme que certains de ses amis qualifient de délicieux.
Son livre de chevet ? Une biographie de Torentino, un parfumeur du 17 ème siècle. Un choix de lecture tout à fait cohérent : «Nous faisons partie d’une longue chaîne de serviteurs amoureux des plantes et des parfums».

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