Le 2ème Festival marocain de la musique andalouse a été clôturé en grande pompe
Le 2ème Festival marocain de la musique andalouse, organisé tout récemment à Casablanca, a été un succès à bien des égards. D’abord, il a réussi à mettre en valeur le patrimoine marocain. Puis, il a bien brassé les cultures. En voici un round-up.
Après une ouverture somptueuse, ce festival grandiose a pris fin, samedi, sur une bonne note. Une clôture qu’il a marquée par un brassage de deux cultures.
Allier les deux rives de la Méditerranée
C’est le mérite du festival qui a rassemblé le 20 janvier l’orchestre Rawafid de la musique andalouse, venu tout droit de Tanger. Sous la direction de l’éminent musicologue Omar Metioui et avec la participation de la talentueuse Abir El Abed au chant, cet orchestre a offert un show époustouflant. Le tout en partageant la scène avec un quatuor flamenco, mené par la chanteuse Gema Caballero et la danseuse Sara Calero.
En première partie du spectacle, les artistes espagnoles ont subjugué le public par leur puissance, dès les premières notes a capella de Gema Caballero. Elle s’y est produite par la suite avec un guitariste et un percussionniste ainsi que Sara Calero dont la danse mêle tout en couleurs, à la fois, force, beauté et grâce. Par la même occasion, Javier Conde, guitariste de flamenco révèle : «Nous jouons régulièrement au Maroc, et à chaque fois, nous ressentons cette ferveur particulière du public et cette proximité avec les musiciens marocains, notamment au niveau des rythmes et des émotions qu’expriment nos musiques respectives». L’artiste, qui nomme dans ce sens la musique andalouse et le flamenco, trouve également que ces rencontres montrent «à quel point nos peuples sont frères».
De son côté, le célébrissime Omar Metioui qualifie ce genre de festival d’une occasion pour les musiciens des deux rives de se rencontrer. «Nous essayons de puiser dans ce qui nous unit, notamment cet héritage de la grande civilisation andalouse marocaine, afin de créer un échange culturel et artistique», s’exprime M. Metioui dont Rawafid a assuré la deuxième partie du concert. Avec ses 14 musiciens, cet orchestre a gratifié un public réceptif et chaleureux d’une série de standards de l’art d’al-Ala, rehaussés par une interprétation magistrale de la jeune diva Abir El Abed. Et ce n’est pas tout ! Le spectacle a été couronné par une fusion entre les artistes marocains et espagnols qui ont fait remonter le temps à l’âge d’or de l’Andalousie. C’était en fait le clou de la soirée. «Le public marocain est friand de ce genre d’expérience artistique», poursuit M. Metioui tout en rendant hommage à feu Abdessadeq Cheqara, un visionnaire et un pionnier, parmi les premiers à avoir initié la fusion entre la musique andalouse et le flamenco. Pour le musicologue, le défunt est un «maître» dont il tente de suivre les pas.
Retour sur l’ouverture
Cet événement, organisé du 18 au 20 janvier par l’Association marocaine de la musique andalouse (AMMA) sous l’égide du ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication, s’est tenu cette année dans sa deuxième édition, sous le thème «Le Maroc, terre de brassage de différentes civilisations et cultures». Le rideau a été levé jeudi soir sur cette 2ème édition qui a accueilli une pléiade d’artistes et d’orchestres musicaux de différents horizons. A commencer par l’orchestre marocain de la musique andalouse, sous la direction du Maître Driss Berrada, accompagné de l’incontournable Haj Mohamed Bajeddoub, dont le talent légendaire transcende les frontières, et de la jeune talentueuse Fadwa Tadist, qui a su envoûter les spectateurs présents lors de cette soirée inaugurale. Dans une ambiance festive, l’orchestre a offert un spectacle qui restera sûrement gravé dans la mémoire des passionnés de la musique marocaine et du Melhoun, de par la belle interprétation de Ksayd (poèmes) qui ont bercé l’audience afin de célébrer l’inscription du Melhoun par le Maroc à l’Unesco, en tant que patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
A cet égard, la présidente de l’AMMA, Fatima Mabchour, indique : «Cette édition célèbre la diversité et la richesse du patrimoine musico-culturel marocain, ainsi que la reconnaissance internationale du melhoun qui a été inscrit patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco». «Ce soir, nous avons eu une scène représentant la relève intergénérationnelle, composée de 23 artistes, dont le grand chanteur Ba Bajeddoub», enchaîne-t-elle entre-temps. Pour elle, cette 2è édition a pour mission d’encourager les jeunes marocains professionnels ou amateurs, mais aussi de créer des ponts culturels entre le Maroc et d’autres pays et civilisations qui ont influencé la vie socioculturelle du Royaume. «L’objectif premier de l’AMMA est la promotion et la sauvegarde du patrimoine musico-culturel andalous, affirmant que l’activité de l’association s’élargit à la musique marocaine ainsi qu’à la musique qui vient des pays amis », avance-t-elle.
A son tour, M. Berrada a exprimé sa joie de jouer avec son orchestre lors de cette soirée inaugurale, accompagné par le ténor Haj Mohamed Bajeddoub, mais aussi par la jeune génération qui assure une continuité pour ce patrimoine national. A son sens, le répertoire choisi pour la soirée (Noubat de Ghrib Hssain et la Qsida de Demlij Zhirou) est la célébration de l’inscription du Melhoun à l’Unesco.
Pour sa part, Fadwa Tadist s’est dite « fière » de sa participation au festival en tant que jeune chanteuse. Elle rappelle son enfance qui a été bercée par la musique andalouse et le Melhoun. Une passion insufflée par son père, d’où son amour pour ce genre musical.
Au programme de ce festival figurait aussi l’Orchestre andalou de Fès, présidé par le grand maître Mohamed Briouel. S’y sont également produits les grands artistes Ahmed Marbouh et Abderrahim Souiri. Aussi, la soirée de clôture a été animée par l’artiste virtuose et ambassadeur des Mouachahates et des Koudoud Halabiya, Badr Rami, accompagné de l’orchestre Angham Achark, sous la direction du maestro Rami Zeitouni. De quoi en faire un événement mémorable.