«Absence » n’a pas eu lieu. Ce titre est l’intitulé de l’exposition que l’artiste-peintre Batoul S’himi devait organiser à la galerie Mohammed El Fassi. Sous l’invitation du ministère de la Culture, Batoul S’himi devait normalement exposer du 7 au 28 décembre 2004. Mais finalement cette exposition n’a pas eu lieu, l’artiste a préféré l’annuler car elle a été confrontée à plusieurs complications. Quels sont ces problèmes, et pourquoi l’artiste a-t-elle refusé d’exposer ? Dans un communiqué parvenu jeudi à ALM, l’artiste déclare : «J’ai refusé d’exposer à la galerie Mohammed El Fassi, car on m’a interdit de dédier mon exposition à Feu Yasser Arafat». En fait, étant donné que Yasser Arafat venait de décéder, l’artiste voulait faire un geste et rendre un hommage à ce militant palestinien.
Comme à l’accoutumée, la direction des arts du ministère de la Culture devait s’occuper de la réalisation et de l’impression des cartons de l’invitation et du catalogue. Cette même direction devait prendre en charge également les frais du vernissage. Mais à son étonnement total, l’artiste a appris que les cartons d’invitation ne devaient pas mentionner le nom de Yasser Arafat et celle ci à finit par se plier à leurs volontés quand même. « On m’a informé que les cartons d’invitation ne devaient pas comporter la mention à Yasser Arafat. J’ai accepté.
Aprés tout, ce n’est pas des cartons d’invitation qu’il s’agit, mais de l’exposition », affirme-t-elle. Mais du côté de la direction des arts, une autre version est avancée. Interrogée sur la question, la directrice des arts déclare: «Il n’y a aucun mal à dédier une exposition à Yasser Arafat, et nous n’y sommes pas opposés». Et d’ajouter : «Concernant les cartons d’invitation, nous avons juste trouver insensé et même gênant le fait de voir le nom de Yasser Arafat devant une photo de dessous de femme ». Il s’agirait selon Mme S’himi, d’un détail de son travail «Chant du champ ». « Il y a eu un malentendu à propos de cette photo. La direction des arts m’a contactée pour savoir quelle photo je désirais intégrer dans le carton d’invitation, et je leur est clairement expliqué laquelle je voulais ». Et d’ajouter : « mais ils n’ont pas su de quelle photo il s’agissait, ils croyaient que je leur parlais du détail de mon oeuvre «Chant de champ » qui comporte des soutiens-gorge en plastique ».
Enfin de compte, ils ont fini d’insérer une autre photo et d’enlever la phrase en hommage à Yasser Arafat. L’artiste se consolait en se disant que le catalogue allait être réalisé. Mais sa joie ne sera pas complète. Pour réaliser le catalogue de l’exposition, la direction lui a demandé de faire appel à un écrivain ou à un critique d’art qu’elle connaissait. « J’ai pensé à Nicoles De Pontcharra puisqu’elle connaissait mon travail, je me suis rendue chez elle à Tanger et elle a accepté d’écrire le texte de présentation de mon catalogue ».
Cette phase terminée, le texte a été envoyée à la direction des arts qui devait se charger de la mise en page du texte et devait remettre le tout à l’imprimerie. Mais à sa surprise la plus totale, l’artiste apprend qu’elle doit modifier un paragraphe du texte de présentation.
«On m’a expliqué que le premier paragraphe était «superflu» et qu’il fallait que je le modifie ou que je le supprime. Mais Batoul S’himi ne pouvait pas intervenir dans un texte qui est écrit par un écrivain et qui est de plus, professionnel. Mais la direction des arts déclare que le texte de Nicoles De Pontcharra existait déjà auparavant et que le premier paragraphe était inséré à la dernière minute. « Il n’y avait aucune transition entre la première partie du texte et le reste, ça se voyait que ce paragraphe a été ajouté par l’artiste», déclare la directrice des arts. Chose que l’artiste réfute.
Et pour couronner le tout, la direction des arts informe l’artiste que le catalogue ne pourra pas être imprimé, car l’imprimerie est en panne. Une Colution de rechange a été offerte à l’artiste : préparer des dossiers de presse, mais ici encore, il y a un hic : «On m’a déclaré que la police du texte allait être réduite de façon à être illisible, là, j’ai compris que quelque chose clochait ». En fin de compte devant tant de complications, Batoul S’himi à rejetter.
Un refus que la direction des arts refuse d’admettre puisqu’elle l’interprète comme étant un report. Affaire à suivre…