Abderahman Adaoui est un veinard. Cet ancien animateur de journal télévisé sur la TVM, a connu des évènements dans sa carrière où la chance était au rendez-vous. Lorsqu’il évoque ses débuts, il affiche un sourire malicieux. L’air de dire, «j’ai réussi grâce à une succession d’heureuses coïncidences». «Lorsque j’ai commencé à exercer le journalisme à la première chaîne nationale, cela ressemblait à un véritable conte de fées», a-t-il déclaré. C’est dans les années 80, que Abderahman Adaoui, aujourd’hui producteur-télé, a intégré la TVM.
C’était une période florissante. «J’ai intégré cette chaîne lors du 25ème anniversaire de l’accession au Trône du Roi défunt Hassan II», raconte-t-il avant d’évoquer d’autres détails : «le premier mois de mon recrutement, je touchais un salaire de 7000 DH, ce qui était énorme à l’époque». Cette période a duré près de trois mois. Il fallait par la suite se confronter à la dure réalité.
Les journalistes percevaient la risible somme de 1000DH. Malgré cette situation pour le moins difficile, Abderahman Adaoui a poursuivi son combat. Il continuait à animer les journaux télévisés pendant dix ans. «À un moment, j’ai atteint un seuil où je n’apprenais plus rien, le climat devenait de plus en plus tendu». En 1997, il dépose sa démission. Il décide de se rendre aux Etats-Unis. Son diplôme en littérature anglaise qu’il a décroché à la faculté de Rabat, lui a rendu une précieuse aide. «Ma capacité à communiquer en langue anglaise a beaucoup joué en ma faveur, c’est à la fois grâce à mon diplôme et à mon expérience de présentateur que j’ai pu être correspondant de Dubai TV et de la télé du Kowait à Washington», souligne-t-il. Cette mission menée à bien, des propositions vont fuser de partout.
La chaîne d’Abou Dhabi aux Emirats Arabes Unis lui fait une offre alléchante. Il allait participer à la transformation de cette chaîne qui allait devenir une véritable chaîne d’information du style Al Jazira. «La chaîne diffusait des journaux télévisés en plus des débats d’information toutes les trois heures, c’était une formule très intéressante ». Mais là aussi M. Adaoui fait intervenir encore une fois le facteur chance. «Cette formule coïncidait avec plusieurs évènements tel l’Intifada en 2000, et par la suite la guerre d’Afghanistan et celle de l’Irak». Cela ne faisait qu’enrichir davantage les rendez-vous d’information de cette chaîne d’Abou Dhabi.
Jusqu’à l’après 11 septembre 2001, l’ambiance de travail au sein de cette chaîne était irréprochable. «Je n’avais pas de quoi me plaindre, côté richesse de l’information, on s’éclatait ». Et fidèle à son habitude, dès qu’il sent une transformation nullement en son avantage, ce journaliste change de cap. Cette fois-ci ce sera pour rentrer au bercail. C’était en 2005. «Je voulais participer à cette libéralisation des ondes, et c’est ainsi que j’ai déposé mes projets de Radio à la Haute autorité de la communication audiovisuelle . Pour son bonheur, ses projets seront retenus. Ses deux licences octroyées, il s’attache aujourd’hui à ficeler son projet de création de deux radios : «Radio Plus» à Marrakech et «Atlas FM» à Agadir.
Les deux chaînes à vocation touristique devraient émettre à partir du mois d’août. Pour lui, ce n’est qu’un pas vers cette libéralisation puisqu’il aimerait créer une télévision une fois que les moyens financiers seront réunis.