Culture

Adlan Defouad : «Binobin est une réponse musicale à une question identitaire»

© D.R


ALM : Que représente pour vous cette tournée au Maroc?
Adlan Defouad : On a eu l’occasion de venir deux ou trois fois au Maroc pour des festivals comme Timitar et Mawazine. Mais dans ce contexte, on touche un grand public et c’est ponctuel. Alors qu’une tournée permet d’aller au plus près des gens. Et c’est ce qui nous intéresse. Il y a une marocanité indissociable du contact. On a donc eu l’opportunité de passer par le réseau des Instituts français. Le 14 janvier, on était à Oujda où l’on a reçu un accueil qui dépassait toutes nos espérances.
Les 18 et 19 janvier, c’était à Rabat. Un concert est prévu le 20 janvier à Kénitra pour finir le 21 janvier à Tétouan. Pour nous, c’est la première tournée qui nous permet de faire un travail construit et abouti grâce au contact avec le public. Quand on joue, on essaie d’être le plus généreux et sincère possible, pour recevoir aussi.

Parlez-nous du groupe «Binobin » ?
«Binobin» c’est l’histoire de notre identité finalement. On est né au Maroc, on y a passé notre enfance et notre adolescence avant de poursuivre nos études en France. Donc on est enraciné dans le Maroc et en même temps tourné comme beaucoup de Marocains jeunes et moins jeunes vers l’Occident. Ainsi en tant qu’artistes, on pratique les rythmes et les musiques traditionnels marocains parce qu’on a baigné dedans tout en ayant des références musicales occidentales. Finalement, «Binobin» c’est une réponse artistique et musicale à une question identitaire. «Binobin», (entre deux en arabe), c’est une rencontre entre deux (moi et mon frère) ou plusieurs personnes. On nous dit «Binobin c’est un entre-deux, c’est-à-dire vous n’êtes ni d’un côté ni de l’autre». On répond que pour nous, cet entre-deux représente toute une culture, qui nous est pas exclusive mais qui est de plus en plus celle de beaucoup de personnes.

Comment se reflète la philosophie du groupe en musique?
Notre musique est très rythmique. Loin du «Machrek» (Orient), les rythmes africains constituent les racines de la musique marocaine. C’est dans ce sens qu’on a invité des artistes comme Etienne Bafai pour notre premier album sorti il y a 4 ans ou Manu Di-bango pour notre deuxième et tout récent album. Pour nous, ce n’était pas pour avoir des artistes africains reconnus, mais au-delà. Il y a un vrai contact humain et puis artistiquement ça nous intéresse. Parce que les rythmes gnaoua sont des rythmes subsahariens qu’on retrouve dans notre tradition musicale. C’est donc une fusion Sud-Sud sachant que la culture marocaine est elle-même une fusion interne. On a aussi invité Titi Robin parce qu’il y a aussi une dimension méditerranéenne dans notre musique qu’on a essayé de mettre en avant. Par ailleurs, on utilise des instruments comme le karkabou, bendir, la taârija qui ont plutôt un rôle péjoratif parfois mais pour nous ce sont de vrais instruments rythmiques qu’on fait rencontrer sans visas avec des saxophones, trombone, accordéons, clavier, basse , batterie. Tout ceci avec des mélodies, textes en fra-arabe (mélange de toutes les langues), des thème et arrangement.

Comment vous vous situez par rapport à des groupes comme Gnawa diffusion ou l’ONB ?
On fait partie avec les musiciens de Gnawa diffusion et l’ONB de la même génération. Mais chacun exprime à sa façon une identité multiple et actuelle partagée par tous. L’ONB c’est un groupe de reprise, Gnawa difusion c’est un groupe de composition comme nous à la différence qu’il est axé sur le reggae et les gnaoua. Nous, c’est plus mélodique, un peu funky et pop avec les touches gnaoua. C’est une autre manière de faire de la fusion et de voir le métissage de la musique marocaine et maghrébine.

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