Culture

Agadir : Khalid Bayi expose au musée du patrimoine amazigh

© D.R

Artiste-plasticien, graphiste et décorateur, Khalid Bayi a fait de la toile une rencontre où les invités sont couleurs et lettres. La lettre arabe qui s’invite au fond de la toile se compose et décompose pour créer une double identité empruntée à la calligraphie mais jumelée à la couleur. Figures géométriques, ces symboles millénaires qui traversent le temps tentent pour un moment de se positionner, de marquer un arrêt, non le temps d’une pause, mais un moment où elles délient leurs sens sur une surface autre et pour un objectif autre que la parole écrite. Lettre majestueuse qui fut jadis maître de poèmes et d’écrits, la lettre arabe se dédouble, s’étale sur la surface colorée créant ainsi un autre langage qui ne se déchiffre plus en mot mais en connotations multiples. Une quête où la première règle brisée fait échapper la lettre aux règles d’agencement et de composition en mots qui pouvaient être seuls à donner sens aux lettres. Un sens multiple et universel. Et de cette quête naît un nouvel espace d’errance, une nouvelle surface de liberté où la lettre s’essaie à la joie des couleurs. Tantôt nostalgique à l’agencement linéaire et tantôt avide de liberté, la lettre se plie aux règles millénaires pour véhiculer un sens. Ce moment de trêve fut vite oublié, rejeté. La lettre se révolte, habite l’espace, se fait grande, imposante. Se transformant ainsi en forme architecturale échappant au sens cognitif. Moment de chaos, échappatoire des carcans du sens même si pour une fois la lettre se faisait juste valoir pour sa forme architecturale, pour ses transfigurations, mouvements dans l’espace de la fresque, ses courbes. La splendeur de la lettre s’exalte sur la surface colorée. Une demande formulée en silence et couleurs qui invite à l’hommage de la forme architecturale loin de la portée intellectuelle. La lettre se donne à voir et s’allie aux couleurs pour meubler le vide de l’espace. Tantôt voltigeante et tantôt imposante, elle s’approprie l’univers de la toile pour exposer sa beauté, son errance et pour réécrire son histoire. La richesse des couleurs retrace cette quête, se joint à la lettre en alliée. Accompagnant ainsi la lettre dans ses délires, ses égarements, ses voyages. La couleur devient le son étouffé et le mot non formulé. L’espace de la toile devient multiple, vivant et accueillant de toutes les couleurs. Les toiles de Khalid Bayi deviennent cette terre qui accueille l’errance et des couleurs et des lettres. Créant ainsi une nouvelle patrie où l’histoire s’écrit autrement et où les différentes nuances des couleurs trouvent domicile. Les fresques de Khalid Bayi créent un nouveau langage artistique, la lettre retrouvée, perdue, errante se joint aux couleurs et tente dans leurs différents ébats de faire un seul corps, un seul voyage dans l’univers artistique.

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