Culture

AMO : la tarification au coeur du débat

© D.R

ALM : Pourriez-vous nous parler du niveau de la médecine au Maroc ?
Farouk Iraqi : Dans le domaine médical, nous sommes en phase avec la médecine européenne. Le décalage thérapeutique est court grâce au dévouement constant du corps médical et à des échanges permanents avec nos collègues étrangers :congrès, stages, séminaires. Et peu de secteurs peuvent se targuer d’un tel niveau de prestations. Cependant, la médecine coûte cher et les moyens du citoyen marocain sont souvent limités. C’est pourquoi, il est nécessaire de trouver un équilibre entre coût et prestations.

Ces prestations ont justement fait l’objet de propositions tarifaires par les gestionnaires de l’AMO et les négociations n’ont pas abouti à des propositions qui rassurent, bien au contraire. Qu’en dites-vous ?
D’abord, il faut savoir que des «négociations» n’ont jamais eu lieu. Des propositions ont été données à l’ANAM en fin novembre 2005 et n’ont été portées à notre connaissance que la veille du démarrage de l’AMO. Nous souhaitons pour notre part que de vraies négociations démarrent car de par la loi nous avons que jusqu’à fin mars 2006 pour les voir aboutir. Après, en cas d’échec, le ministère de tutelle a le droit de décréter une tarification unilatérale.

Vous avez eu des rencontres avec les tuteurs de l’AMO à savoir le ministre de la Santé et la Primature. Qu’est-ce qu’il en est ?
Lors de ces réunions, le ministre de la  Santé et le Premier ministre nous ont affirmé que le gouvernement n’imposerait aucune tarification. La décision finale sera prise en accord avec le corps médical. Le Premier ministre s’est engagé à redynamiser les négociations sur les propositions tarifaires et faire en sorte que les gestionnaires et les prestataires arrivent à un consensus qui agrée l’ensemble des partenaires.

La médecine diversifiée dans ses disciplines a des contraintes de qualité et de coût mais aussi d’équilibre financier. Les propositions tarifaires que vous a transmises à l’ANAM paraissent être en disproportion énorme avec ces contraintes.
Actuellement nous avons mis en place des comités techniques pour discuter en plus de l’hospitalisation générale, des situations spécifiques à certaines disciplines comme la cancérologie, la cardiologie, la néphrologie…
Nous avons fait des propositions à la fin novembre 2005. Pendant 3 mois, nous avons attendu et nous escomptions une réponse de la part des gestionnaires que nous n’avons rencontré que la semaine dernière. Les propositions faites par les gestionnaires de l’AMO sont inacceptables. Et elles demeurent inacceptables sans révision à la hausse des prix. Nous tenons à l’AMO et ce ne sera pas le corps médical qui la mettra à défaut. Nous sommes disposés à faire des concessions car nous avons un contrat moral avec nos patients et parce qu’il s’agit d’un projet social auquel nous aspirons depuis de longues années. Les gestionnaires doivent comprendre aussi que la prestation de qualité que le citoyen attend et en droit d’attendre de nous a un coût inéluctable contre lequel on ne peut pas lutter.  Une médecine de qualité certes mais à un coût raisonnable car nous devons contribuer à la réussite et à la pérennisation de l’AMO à travers un comportement responsable.
Nous sommes évidemment disposés à tenir compte de l’équilibre budgétaire. Par ailleurs, le patient de son côté devra faire l’effort de participer à la réussite de ce projet qui se fera de façon progressive.

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