Au fil du temps le Festival Gnaoua et Musiques du Monde s’est fait une place en tant que puissant vecteur culturel de paix et de fraternité. Cette vocation s’est confirmée lors de la 25ème édition, notamment à travers les performances et les fusions des artistes sur scène mais aussi l’organisation de la 11ème édition du Forum des droits humains. Elle s’est aussi illustrée à travers la présence du public qui s’est déplacé en masse vers les différents espaces dédiés aux spectacles. Le festival s’est également réinventé avec «Berklee at the Essaouira Gnaoua and World Music Festival» accordé aux jeunes talents.
Les détails.
Après un quart de siècle d’existence, le Festival d’Essaouira dont les festivités se sont déroulées du 27 au 29 juin 2024 incarne le soft power culturel marocain. «Le Festival Gnaoua est devenu un évènement historique témoignant de l’exception et la diversité de notre culture sur la scène internationale. Ce festival est devenu une école vivante pour le rayonnement culturel et la coexistence entre les cultures. Grâce aux efforts de tous et en particulier les habitants de la ville d’Essaouira, ce Festival a réussi à mettre en avant la culture Gnaoua attirant des artistes et un public venant d’un peu partout. L’inscription par l’Unesco de la musique Gnaoua en tant que patrimoine immatériel mondial est une reconnaissance mondiale de sa valeur artistique et culturelle dans un pays où la culture créative est un levier de développement économique en alignement avec les Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI», a indiqué Neila Tazi à l’ouverture de ce festival qui s’est déroulée le 29 juin 2024.
Pour elle, l’engagement du Maroc à préserver son patrimoine culturel et son rayonnement international incarnent la volonté royale de soutenir l’identité marocaine et l’ouverture à diverses cultures. «Dans ce sens, le Festival Gnaoua a prouvé que la culture n’est pas un luxe mais une véritable force et un levier essentiel pour le développement. La ville d’Essaouira est devenue aujourd’hui un modèle au niveau national et international et un phare culturel d’ouverture, de coexistence et de solidarité. Depuis le cœur de la ville d’Essaouira nous envoyons aussi un message de solidarité au peuple palestinien», a-t-elle expliqué. Pour sa part Mehdi Bensaid, ministre de la jeunesse, de la culture et de la communication, a souligné que l’investissement dans la culture est un investissement dans l’humain. «Le festival Gnaoua qui a 25 années d’existence a donné une dynamique positive à la ville d’Essaouira (…) faisant d’elle une ville non seulement touristique mais aussi une ville culturelle». Et de préciser : «Le ministère de la culture va continuer à soutenir ce festival parce que la culture est l’humain et l’humain c’est la paix». Les différentes scènes aménagées pour le festival ont accueilli un public venu en masse pour applaudir les artistes et vivre les expériences musicales de fusions qu’ils proposent.
Ce qu’il ne fallait pas rater
Plusieurs moments forts ont marqué cette 25ème édition, à commencer par la parade des groupes Gnaoua qui avaient ouvert le bal avec une rythmique et des sons authentiques. Ces groupes ont sillonné les ruelles de l’ancienne médina d’Essaouira, offrant aux passants et au public qui les a attendus un spectacle de danse et de chants exceptionnel. Il faut dire que cette édition a rassemblé plus de 400 artistes lors des 53 concerts organisés. Parmi les moments inédits de cette édition le public retiendra aussi la performance réunie des Maâlems Hassan Boussou et My Tayeb Dehbi avec la Compagnie Dumanlé, Nino de Los Reyes, Sergio Martinez & Ilê Aiyê. Les danses et les chants des différents artistes sur scène ont été ovationnés par le public présent. Les très nombreux visiteurs d’Essaouira ont pu vivre une expérience culturelle riche et une diversité musicale qui n’est offerte nulle part ailleurs qu’à la ville des alizés. En plus des performances sur scène, les artistes de rue ont célébré la musique à travers leurs spectacles improvisés dans les différentes ruelles de la ville.
A noter que plus de 14 pays sont représentés dans la programmation de cette 25ème édition. Par ailleurs, le festival s’est également réinventé avec «Berklee at the Essaouira Gnaoua and World Music Festival» accordé aux jeunes talents. Ce programme de formation qui s’est tenu du 24 au 28 juin était à destination des musiciens marocains et étrangers souhaitant se former au contact des professeurs de la plus grande institution musicale dans le monde.
Construire la paix
En marge du Festival Gnaoua d’Essaouira, la 11ème édition du Forum des droits humains du Festival Gnaoua et Musiques du Monde a été organisée sous le thème «Maroc, Espagne, Portugal : Une histoire qui a de l’avenir» avec comme invité de marque l’ancien chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero. Pour celui-ci, «l’organisation de la Coupe du monde par le Maroc, l’Espagne et le Portugal va viser l’instauration de la paix (…) nous devons nous engager pour qu’en 2030 il y ait un monde où prévaut la paix». L’ex-chef du gouvernement espagnol a mis en avant l’histoire commune entre le Maroc et l’Espagne qui sont, selon lui, deux pays amis. Il a aussi mis en exergue l’espace méditerranéen comme un espace qui abritait de grandes civilisations. M. Zapatero a également noté que l’organisation de la Coupe du monde par les trois pays permettra de renforcer leurs relations, notamment dans le contexte de défis actuels. Quels effets peut avoir l’organisation conjointe de la Coupe du monde sur l’avenir des relations entre le Maroc, le Portugal et l’Espagne ?
Quel rôle pour la société civile, pour les intellectuels, les artistes, les sportifs ? Comment évoluent les mobilités entre les trois pays ? Autant de questions qui ont été abordées lors de cette 11ème édition du Forum des droits humains du Festival. Lancé en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), les vendredi 28 et samedi 29 juin 2024 à Essaouira, ce forum a réuni des personnalités venant d’horizons différents. Pour les organisateurs, le choix de la thématique de cette 11e édition est une manière de l’accompagner à travers les éclairages et les apports nécessaires de personnalités de premier plan.