Effrayant. Plus de 17.700 objets archéologiques, appartenant au Mali et principalement au Maroc, ont été saisis en novembre et décembre près d’Arles et de Perpignan par les douanes françaises. C’est ce que nous annonce le ministère de l’Economie français, cité par l’Agence France Presse (AFP). Selon ce ministère, il s’agirait de la plus importante saisie de ce genre d’objets réalisée pendant ces dernières années. Tout a commencé un 15 novembre de l’année qui vient de s’écouler, quand les services douaniers de l’Hexagone ont intercepté à Arles (Bouches-du-Rhônes) une voiture immatriculée au Maroc qui se dirigeait vers l’Allemagne, avec à son bord un « butin », tenez-vous bien, de 17.600 pièces d’une valeur archéologique inouïe. Parmi les objets retrouvés, des fossiles originaires du sud du Maroc : (trilobites, gros insectes marins datant de l’ère primaire, soit plus de 250 millions d’années, une mâchoire de dinosaure marin datant de l’ère secondaire, ainsi que des crânes de tortues et de crocodiles datant du tertiaire, soit 60 millions d’années). Cette première saisie qui, rappelons-le, remonte au mois de novembre 2005, on la devait à la vigilance des services douaniers français. Elle révèlerait, par conséquent, la porosité des frontières douanières nationales. Car, pas plus tard que le mois dernier, les douanes françaises ont intercepté à Perpignan une autre voiture, immatriculée en Italie, en provenance du Maroc, avec cette fois à bord 124 objets du Néolithique : pierres taillées en forme de pendentifs, pointes de flèches, colliers et gravures. Selon les auteurs de cette saisie, ces objets « constitueraient des témoignages de l’art rupestre néolithique du Sahel (africain)». Sur la nature de ce genre de trafics, les services douaniers français sont fermes : illégalité absolue. « Le conducteur du véhicule ne disposait pas de documents attestant de la régularité de l’importation et du transport des objets saisis », ont-ils martelé. Reste à s’interroger maintenant sur le «destin» de ces objets archéologiques saisis. Seront-ils rapatriés dans leurs pays d’origine, à savoir le Maroc et le Mali ? D’après le porte-parole de la direction interrégionale des douanes à Marseille, les objets saisis « pourraient être remis à des musées français ». Du côté marocain, la réaction du ministre de la Culture Mohamed Achaâri s’est voulu rassurante. Les autorités marocaines oeuvreront à récupérer les objets saisis, en engageant la procédure à suivre dans ce genre d’affaires. Procédure certes «compliquée», reconnaît le ministre, mais elle ne manquera pas d’aboutir, sachant bien que la France est signataire de la Convention internationale de lutte contre le trafic illicite des objets archéologiques.
A rappeler que le Maroc a réussi par le passé à rapatrier plusieurs objets historiques ayant été détournés vers des pays européens, dont notamment la France et la Grande-Bretagne. Simplement, la question maintenant est de savoir comment faire en sorte que de tels trafics ne se reproduisent plus au Maroc. Sur ce point, le ministre s’est également voulu rassurant. «Dans le cadre du renforcement de l’arsenal juridique visant à protéger notre patrimoine, un projet de loi se rapportant à cette question a été voté jeudi dernier au Parlement», a-t-il précisé. Ce projet porterait création d’une police spécialisée dans le contrôle et la protection des monuments nationaux.