Cependant la distribution du quotidien arabe a été retardée vendredi pour la deuxième journée consécutive au Liban, après avoir été soumis à la censure préalable, a indiqué à l’AFP. En effet, le numéro de jeudi n’a pu être distribué que dans l’après-midi et celui de vendredi n’était toujours pas disponible dans les kiosques en début de matinée. Rappelons que le journal basé à Londres est publié simultanément dans plusieurs capitales. Cette mesure de rétorsion a été prise par la sûreté générale libanaise à la suite de la parution, lundi en première page du quotidien, d’une information faisant état d’une tentative d’assassinat du président Emile Lahoud le 28 décembre à Monte-Carlo, selon le directeur du bureau de Beyrouth de cette publication, Ibrahim Awad. Il a souligné que le bureau de Beyrouth «n’avait rien à voir» avec la publication de cette information, datée de Londres. L’information avait été aussitôt démentie par le palais présidentiel qui l’a jugée «dénuée de tout fondement et montée de toutes pièces».
Outre le permis de distribution, le journal est soumis à l’obtention d’un permis d’exportation. Ces permis, accordés jusque-là de manière automatique, le seront désormais au jour le jour.
Asharq Al-Awsat serait également poursuivi en justice devant le tribunal des publications pour «atteinte» à la personne du chef de l’Etat et publication d’informations mensongères visant à provoquer l’instabilité.
Un éditorialiste du quotidien à grand tirage An-Nahar, Samir Kassir, a critiqué «cette mesure policière qui discrédite l’image du liban (…) et porte atteinte à la liberté de la presse et aux relations avec l’arabie saoudite».
Un éditorialiste cette fois du grand quotidien An Nahar, Georges Nassif, a exprimé jeudi, dans une émission de télévision, «la crainte que ces mesures ne soient un préambule pour museler la presse libanaise». Les journaux de Beyrouth, qui n’ont pas paru mardi et mercredi en raison du jour de l’an, ont rapporté le démenti jeudi et deux quotidiens, As Safir et Al-Liwa, y ont consacré leurs manchettes en se demandant «qui est à l’origine» de ce «conte». As Safir relève que «l’info publiée en quelques lignes, sans source, sans détails et sans recoupement, était livrée en gros titre» et datait la tentative d’assassinat de vendredi, alors que M. Lahoud n’avait pas encore quitté le pays.
As Safir, qui estime l’information «erronée de toute évidence», précise que M. Lahoud et son épouse avaient accepté l’invitation du vice-premier ministre Issam Farès à passer les fêtes de fin d’année dans le sud de la France à l’écart du protocole.
Le journal rapporte toutefois «l’étonnement des milieux politiques» sur le départ à l’étranger sans annonce officielle du chef de l’Etat, «laissant ainsi la voie ouverte aux spéculations».
Asharq Al-Awsat, à capitaux saoudiens, est le journal arabe ayant le plus gros tirage avec Al-Hayat, également édité à londres.