Culture

Askoury : «Un véritable artiste doit être cultivé»

© D.R

ALM : Vous avez commencé votre carrière musicale dans les années 80 et vous venez à peine d’éditer votre troisième album après 14 ans d’absence. Quelles sont les raisons de ce retrait ?
Abderrahim Askoury : J’ai intégré le conservatoire de musique en 1997, et j’ai sorti mon premier album en 1985. J’ai mis par la suite six ans pour mettre au monde le second album. En fait je suis très sélectif dans ma démarche, je n’aime pas concocter des albums à la hâte. Aussi dans les années 80, il y avait un grand problème avec les maisons de disques. Il n’existait pas vraiment des boîtes de production musicales professionnelles. La plupart encourageait les musiques aux paroles indécentes dans le but de faire sensation et de vendre. Je ne pouvais pas encourager ce genre de musique qui est contraire à mes principes.
Lorsque j’ai remarqué qu’il y avait trop d’anarchie dans ce secteur, j’ai préféré me retirer. Mais cela ne veut pas dire que j’ai arrêté de travailler.

Votre retour sur scène coïncide avec le commencement de la carrière de votre neveu dont le nom artistique : «Askoury» est le même que le vôtre. Ne pensez-vous pas que cela crée une confusion ?
Younès Askoury est mon neveu. Il a grandi dans une famille où il a été bercé par le son de ma guitare et par plusieurs styles musicaux. Il a manifesté son intérêt à intégrer cet univers. Je ne pouvais que l’encourager. Younès a donc commencé à reprendre mes chansons. Je n’y voyais pas d’inconvénients. Il vient de composer tout dernièrement une chanson intitulée «Shemâa»
Mais vu que je possède plus d’expérience par rapport à lui, de par mon âge, je lui ai conseillé de travailler davantage pour arriver à atteindre un niveau élevé. J’ai également précisé à Younès que je n’avais pas pris ma retraite et que j’étais toujours en train de poursuivre ma création musicale.

«Carrières centrales» fait allusion au quartier Hay Mohammadi à Casablanca là où vous êtes né et où vous habitez actuellement. Jusqu’à quel point l’histoire de ce quartier vous a-t-elle influencé dans votre carrière ?
J’ai grandi à Hay Mohammadi et j’y ai vu évoluer plusieurs groupes de musique qui ont fait la gloire de la musique marocaine. Pas la peine de rappeler qu’il s’agit entre-autres de Nass El Ghiwane et de Lmchaheb. Je connaissais feu Mohamed Batma qui jouait au départ avec Nass El Ghiwane. Je le considérais comme mon frère et nous avons partagé plusieurs moments ensemble. Toute cette ambiance de ce quartier qui est porteur d’une grande histoire en rapport également avec la résistance se reflète dans ma musique. Hay Mohhammadi est ma terre et je dois lui rendre hommage.

Dans votre dernier album, vous chantez également sur le nationalisme arabe. Vous considérez-vous comme un artiste engagé ?
Les chansons que j’ai composées dans ce dernier album relatent en quelque sorte la réalité marocaine. Un véritable artiste ne peut pas être en déphasage avec son environnement et sa société. En parrallèle, il y a plusieurs évènements qui se passent dans le monde arabe et dont je me sens particulièrement proche.
Vous semblez favoriser dont vos albums la musique gnaoua. Pourquoi ce choix ?
Je me sens proche des rythmes gnaoua. C’est une musique qui m’inspire et que j’allie avec d’autres sonorités. En 1985, je faisais parti des premiers artistes marocains qui se sont lancés dans ce qu’on appelle aujourd’hui la fusion. La musique Reggae fait partie également des styles que j’affectionne.

A quand votre quatrième album ?
Actuellement je suis en train de travailler sur mon quatrième album. J’ai déjà composé la moitié des chansons que j’avais entamée, il y a de cela plusieurs années. Lorsque je reviendrai de Paris où je dois animer des concerts aux cotés de Nass El Ghiwane à L’Olympia, je vais me plonger dans l’écriture d’autres chansons. La durée de cette phase peut aller de 6 mois à un an, parfois cela peut s’étaler jusqu’à deux ans.

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