Culture

Au bon vieux temps de la halka

© D.R

L’art de la halka existe depuis la nuit des temps. Lorsqu’on parle de halka, on pense à la place Jamaâ El Fna de Marrakech qui regorge actuellement de conteurs de tout acabit. Pendant les années soixante et soixante-dix, il y avait un grand nombre de conteurs à Beni Mellal, notamment à Souk Barra.
Des hommes, des enfants et parfois des femmes formaient un cercle autour d’un conteur susceptible d’attirer l’attention du public. Souk Barra, à Beni Mellal, était un terrain vague où l’on trouvait, à cette époque, les férus de la halka. «C’était pour moi la belle époque», affirme Omar, un vieil homme
âgé de 85 ans. «Souk Barra était une place très animée. Des conteurs s’y rassemblaient pour raconter des histoires épiques arabes
comme Dou Yazale, Antar Ben Cheddad… On passait des moments inoubliables avec ces conteurs», ajoute-t-il.
A l’époque, les conteurs étaient capables d’attirer l’attention de l’auditoire. Souvent, le mardi, le jour du souk hebdomadaire de Beni Mellal, au lieu d’aller faire des emplettes, des hommes et des femmes se rassemblaient autour des conteurs. La halka est un art marocain qui tend à rassembler un grand nombre de gens autour des conteurs. A Beni Mellal, il y avait des chanteurs du folklore, comédiens comme El Hasnaoui, charmeurs de serpents, musiciens qui jouaient du luth ou du violon, voire du guenbri… Dans les années soixante, il y avait une troupe appelée «Imadiazen ».
C’est un groupe de trois ou quatre hommes qui chantaient des chansons berbères sur les problèmes sociaux de l’époque. En jouant du violon, ces hommes, vêtus de djellabas blanches étaient très doués et inspirés, d’ailleurs ils chantaient des poèmes qu’ils ont écrits eux-mêmes. «La halka était l’occasion de faire connaissance avec d’autres gens. Autrefois, on passait toute une journée autour d’un conteur». On trouve également des conteurs, accompagnés d’animaux surtout des singes. Le conteur peut trouver n’importe quel subterfuge pour attirer l’attention des gens qui l’entourent.
En général, les conteurs, dans la halka, rassemblent les gens pour ramasser un peu d’argent. Omar raconte des histoires hilarantes. A chaque fois qu’il organise une halka, le nombre de son auditoire peut atteindre une centaine. Il fait aussi des gestes et des grimaces pour faire rire les gens. Un moment après, il s’adresse au public : «Je voudrais qu’une personne parmi vous me donne 50 centimes ou un dirham. Je veux que vous m’aidiez car j’ai quatre bouches à nourrir. Et je vous demande de rester avec moi car j’ai encore beaucoup d’histoires comiques à vous raconter».
Après, il fait le tour de la halka pour quémander de l’argent, en répétant à chaque fois : «je prie Dieu pour qu’il vous aide et vous épargne le malheur». Quelques minutes après, il continue à raconter ses histoires.
Avant, et surtout pendant les après-midi du mois du Ramadan, la place Souk Berra à Beni Mellal regorgeait de «hlaykias». Un autre conteur nommé Abdelkrim raconte les histoires de Sidna Ali, Douyazale, Antar Ben Cheddad. Chaque après-midi, beaucoup de gens s’asseoient autour de lui pour écouter avec admiration ses histoires : «On vient à la halka en attendant la rupture du jeune», affirme l’un des admirateurs. Lorsque le muezzin appelle à la prière d’Al-Maghreb, la foule se disperse.
Mais tout le monde attend avec impatience la suite de l’histoire. Malheureusement, de nos jours, le phénomène de la halka tend à disparaître dans la région de Beni Mellal. Le nombre de conteurs a diminué et les gens n’accordent plus d’importance à la halka. Alors qu’à la place Jamaâ El Fna à Marrakech, la halka conserve encore ses titres de noblesse.

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